Soumaïla Cissé Président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine parle
A 54 ans, Soumaïla Cissé amorce une nouvelle étape dans une carrière déjà riche en reconversions. Depuis le 10 janvier, l’ancien ministre malien des Finances, candidat de
l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) à la succession d’Alpha Oumar Konaré, est le nouveau président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA), à la place du Sénégalais Moussa Touré, pourtant candidat à sa propre reconduction. Ce poste très prisé, il l’a acquis grâce au soutien d’Amadou Toumani Touré, qui l’avait battu à l’élection du 12 mai 2002, mais aussi à celui d’Abdoulaye Wade, le président du pays de son prédécesseur… Si beaucoup attendent de lui qu’il donne plus de visibilité politique à l’UEMOA, Soumaïla Cissé, qui a longtemps occupé des fonctions dirigeantes à la Confédération malienne pour le développement des textiles (CMDT), sera aussi jugé à ses réalisations concrètes sur le terrain économique.
Jeune Afrique/L'intelligent : Le fait que la présidence de l’UEMOA échappe aux grands pays est-il un signe ?
Soumaïla Cissé : Il n’y a pas de petit pays à l’UEMOA. Chacun d’entre eux a son poids. Économique pour certains, social ou démographique pour d’autres. Dans le traité, c’est clair : les présidences doivent tourner.
J.A.I. Êtes-vous plus tenté que votre prédécesseur d’intervenir dans le champ politique ?
S.C. : Le développement, c’est un peu de tout : un peu de politique, un peu d’économique, un peu de social, un peu d’écologie. Et surtout beaucoup de communication. Chaque fois que
l’on sent une faiblesse quelque part, on doit s’atteler à la tâche. Il n’y a pas de tabou. Il faut seulement que chacun joue son rôle.
J.A.I. : Avez-vous reçu un mandat pour vous attaquer au problème de la contribution de la Côte d’Ivoire ?
S.C. : En tant que « chef d’entreprise », il faut s’assurer que la soupe est là…
J.A.I. : La situation de la Côte d’Ivoire va peser sur votre action…
S.C. : Elle pèse déjà, puisque ce pays représente 40 % du PIB de l’Union. Elle nous interpelle dans le domaine des infrastructures en nous obligeant, par exemple, à recourir aux ports ghanéens. Mais nous devons surtout faire en sorte que la paix revienne en Côte d’Ivoire. Ce qui s’y est passé peut survenir dans n’importe quel autre pays.
J.A.I. : Cela veut donc dire plus d’interventions politiques…
S.C. : Là où il faut un peu de politique, on fera de la politique… S’il faut privilégier les aspects économiques, on les privilégiera. Quand on parle de libre circulation des hommes et des biens, est-ce politique, est-ce économique ? Je ne vois pas de frontière étanche entre les sujets.
J.A.I. : Ce sommet a-t-il été l’occasion d’adresser quelque message au président Gbagbo ?
S.C. : Je n’étais pas dans le huis clos des chefs d’État… Mais le président ivoirien est venu, et c’est un bon signe. Cela veut dire qu’il doit compter avec ses pairs. Je sais que tous – et pas seulement le Malien, le Burkinabè, le Nigérien – ont des soucis avec la Côte d’Ivoire. Beaucoup de leurs ressortissants vivent dans ce pays.
J.A.I. : Votre nomination signifie-t-elle que vous prenez de la distance, pour assez longtemps, par rapport à la politique malienne ?
S.C. : Il faut savoir à chaque moment tourner la page. Aujourd’hui, j’accepte librement une fonction. Le jour où je ne me sentirai plus en harmonie, je prendrai une autre direction. Le traité de l’UEMOA m’interdit un certain nombre de choses. Je me plierai à cette contrainte.
J.A.I. : Vous resterez quatre ans à Ouagadougou ?
S.C. : Inch’Allah…
J.A.I. : Au vu des difficultés qui ont entouré votre nomination, ne pensez-vous pas qu’il faudrait arriver à un mécanisme de présidence tournante automatique ?
S.C. : Dans ce domaine, il faut faire confiance à la sagesse des chefs d’État. Ce sont eux qui décident. Ce qui est important, c’est qu’ils choisissent la personne idoine à un moment donné pour que l’organisation marche. Un système mécanique n’est pas forcément souhaitable. S’il faut revenir au candidat d’un pays qui a déjà assumé la fonction, il ne faut pas hésiter à le faire.
J.A.I. : On sait que le président Wade a soutenu votre candidature. Comment appréciez-vous ce soutien ?
S.C. : Je l’apprécie à sa juste valeur. MeWade était parmi mes professeurs à l’université de Dakar. Mais c’est aussi quelqu’un qui a beaucoup de hauteur. Son soutien montre qu’il ne fait pas de cette nomination une affaire de pays. L’Union est en marche. Je ne suis pas président de la Commission pour le Mali, mais pour l’ensemble des huit États. C’est ainsi que le président Wade voit aussi les choses.
l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) à la succession d’Alpha Oumar Konaré, est le nouveau président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA), à la place du Sénégalais Moussa Touré, pourtant candidat à sa propre reconduction. Ce poste très prisé, il l’a acquis grâce au soutien d’Amadou Toumani Touré, qui l’avait battu à l’élection du 12 mai 2002, mais aussi à celui d’Abdoulaye Wade, le président du pays de son prédécesseur… Si beaucoup attendent de lui qu’il donne plus de visibilité politique à l’UEMOA, Soumaïla Cissé, qui a longtemps occupé des fonctions dirigeantes à la Confédération malienne pour le développement des textiles (CMDT), sera aussi jugé à ses réalisations concrètes sur le terrain économique.
Jeune Afrique/L'intelligent : Le fait que la présidence de l’UEMOA échappe aux grands pays est-il un signe ?
Soumaïla Cissé : Il n’y a pas de petit pays à l’UEMOA. Chacun d’entre eux a son poids. Économique pour certains, social ou démographique pour d’autres. Dans le traité, c’est clair : les présidences doivent tourner.
J.A.I. Êtes-vous plus tenté que votre prédécesseur d’intervenir dans le champ politique ?
S.C. : Le développement, c’est un peu de tout : un peu de politique, un peu d’économique, un peu de social, un peu d’écologie. Et surtout beaucoup de communication. Chaque fois que
l’on sent une faiblesse quelque part, on doit s’atteler à la tâche. Il n’y a pas de tabou. Il faut seulement que chacun joue son rôle.
J.A.I. : Avez-vous reçu un mandat pour vous attaquer au problème de la contribution de la Côte d’Ivoire ?
S.C. : En tant que « chef d’entreprise », il faut s’assurer que la soupe est là…
J.A.I. : La situation de la Côte d’Ivoire va peser sur votre action…
S.C. : Elle pèse déjà, puisque ce pays représente 40 % du PIB de l’Union. Elle nous interpelle dans le domaine des infrastructures en nous obligeant, par exemple, à recourir aux ports ghanéens. Mais nous devons surtout faire en sorte que la paix revienne en Côte d’Ivoire. Ce qui s’y est passé peut survenir dans n’importe quel autre pays.
J.A.I. : Cela veut donc dire plus d’interventions politiques…
S.C. : Là où il faut un peu de politique, on fera de la politique… S’il faut privilégier les aspects économiques, on les privilégiera. Quand on parle de libre circulation des hommes et des biens, est-ce politique, est-ce économique ? Je ne vois pas de frontière étanche entre les sujets.
J.A.I. : Ce sommet a-t-il été l’occasion d’adresser quelque message au président Gbagbo ?
S.C. : Je n’étais pas dans le huis clos des chefs d’État… Mais le président ivoirien est venu, et c’est un bon signe. Cela veut dire qu’il doit compter avec ses pairs. Je sais que tous – et pas seulement le Malien, le Burkinabè, le Nigérien – ont des soucis avec la Côte d’Ivoire. Beaucoup de leurs ressortissants vivent dans ce pays.
J.A.I. : Votre nomination signifie-t-elle que vous prenez de la distance, pour assez longtemps, par rapport à la politique malienne ?
S.C. : Il faut savoir à chaque moment tourner la page. Aujourd’hui, j’accepte librement une fonction. Le jour où je ne me sentirai plus en harmonie, je prendrai une autre direction. Le traité de l’UEMOA m’interdit un certain nombre de choses. Je me plierai à cette contrainte.
J.A.I. : Vous resterez quatre ans à Ouagadougou ?
S.C. : Inch’Allah…
J.A.I. : Au vu des difficultés qui ont entouré votre nomination, ne pensez-vous pas qu’il faudrait arriver à un mécanisme de présidence tournante automatique ?
S.C. : Dans ce domaine, il faut faire confiance à la sagesse des chefs d’État. Ce sont eux qui décident. Ce qui est important, c’est qu’ils choisissent la personne idoine à un moment donné pour que l’organisation marche. Un système mécanique n’est pas forcément souhaitable. S’il faut revenir au candidat d’un pays qui a déjà assumé la fonction, il ne faut pas hésiter à le faire.
J.A.I. : On sait que le président Wade a soutenu votre candidature. Comment appréciez-vous ce soutien ?
S.C. : Je l’apprécie à sa juste valeur. MeWade était parmi mes professeurs à l’université de Dakar. Mais c’est aussi quelqu’un qui a beaucoup de hauteur. Son soutien montre qu’il ne fait pas de cette nomination une affaire de pays. L’Union est en marche. Je ne suis pas président de la Commission pour le Mali, mais pour l’ensemble des huit États. C’est ainsi que le président Wade voit aussi les choses.
18 janvier 2004 par PROPOS RECUEILLIS À NIAMEY PAR DOMINIQUE MATAILLET
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