jeudi 23 août 2007

MALI PRIMATURE

Soumaïla Cissé, Premier ministre?
Le président de la Commission de l’Uemoa et non moins président d’honneur de l’Urd, Soumaïla Cissé, se trouvait le week-end dernier à Bamako. Il y retournera semble-t-il ce lundi, pour rencontrer le président ATT qui serait entre-temps revenu de ses vacances. Pas plus tard que vendredi dernier, selon des indiscrétions, les deux hommes ont eu un premier tête à tête et les échanges ont porté sur l’avenir politique du finaliste de 2002. Nos sources ajoutent même que, à l’issue de l’entretien, Soumaïla aurait remis une liste au président. Celle des ministrables Urd ?
Tout porte à croire que le futur Premier ministre du Mali pourrait bien être Soumaïla Cissé. Toutefois, contrairement au schéma selon lequel il ne devait prendre les rênes de la Primature qu’à quelques encablures de 2012, il serait question que ce soit l’inverse. Autrement dit, il occupe le fauteuil dès à présent le temps de se réarmer- politiquement parlant- il pourrait ensuite se retirer pour préparer Koulouba 2012. A vrai dire, l’éventualité ne semble laisser personne indifférent. La dimension de l’homme y est sans doute pour quelque chose, mais aussi le très grand respect que le président ATT éprouverait pour lui. La présence constante aux côtés du président ATT du fils de Bocar Madjou tout au long de la campagne présidentielle n’a échappé à personne. Il n’était dès lors plus permis de douter de la convergence de vue entre l’actuel locataire de Koulouba et l’une des plus grosses figures politiques du pays.
Du reste, ne se félicitait-il pas publiquement du soutien de celui qui avait honorablement croisé le fer avec lui dernièrement et qui a eu par la suite la sagesse politique et l’humilité de l’accompagner pour un second mandat? ATT n’a pas eu tort car n’importe qui, à sa place, se serait frotté les mains. L’allégeance de Soumaïla vaut son pesant d’or moral sur l’échiquier politique national aussi bien qu’international. La perspective d’élever Soumaïla Cissé, un homme entier, atypique et suffisamment pénétré de ses capacités de grand commis, à la dignité de Premier ministre n’est pas sans commentaires et réanime le débat entre ses partisans et ses détracteurs.
Des Maliens se recrutant dans presque tous les milieux socio-politiques pensent que le président ATT ne pourrait faire meilleur choix pour l’heure que de confier la gestion des affaires à Soumaïla Cissé. Cette nomination si elle avait lieu est perçue comme une réelle volonté de rupture avec des pratiques autour du président au point d’écorner son image, même s’il reste soucieux du bien-être des populations.
De l’avis des mêmes personnes, le patron de l’Urd serait une aubaine pour le président compte tenu de la situation socio-économique du pays et de la connaissance interne et externe du terrain au plan financier et diplomatique, des atouts liés à son expérience du Mali ajoutée à celle de l’Uemoa. Mais, revers de la médaille, on ne fait jamais d’omelettes sans casser des œufs, comme dirait l’autre. Soumaïla Cissé, contrairement à Ag Hamani et Pinochet, n’est pas homme à se laisser marcher sur les pieds. A la première occasion, il peut taper sur la table. Le président Alpha en sait quelque chose, pour avoir constaté l’attitude frondeuse de son ancien ministre tout au long des consultations électorales à l’intérieur de la Ruche dans la perspective de la présidentielle de 2002. La suite, on la connaît.
L’autre évidence, c’est que le président ATT pourrait difficilement nommer Soumaïla à la Primature et vouloir toujours de Modibo Sidibé au Secrétariat général de la présidence de la République. Soumaïla à Bolibana et Modibo à Koulouba, les coups –bas ne manqueront pas et on en finirait pas avec les ‘’Clearstream’’ à la malienne ! Les deux hommes se connaissent assez bien pour avoir été tous deux très proches de Konaré. ATT se résignera-t-il alors à éloigner Modibo et à lui trouver un bon point de chute? A New York par exemple où le poste de représentant permanent reste semble-t-il vacant ?
A tendre une oreille aux commentaires auxquels se livrent depuis peu ses détracteurs, la nomination de Soumaïla Cissé au poste de Premier ministre ne serait ni plus ni moins qu’un mortel coup de massue asséné à une aile politique du parti de Younoussi. N’Golonina est, en effet, partagé entre partisans et adversaires de Soumaïla et de son ancien lieutenant, le ministre Oumar Ibrahim Touré. Les seconds verraient en l’acte un geste de non reconnaissance pour tout ce qu’ils ont fait pour ATT ces cinq dernières années. Soumaïla, selon des sources proches de Golonina, envisageait dans un premier temps une possible alliance Urd - Rpm qui l’aurait investi, lui, comme porte -étendard en 2007. Et c’est, croit – il savoir, à la dernière minute qu’il se serait ressaisi pour revenir dans le giron ‘’Atétiste’’.
Sory Haïdara Le Challenger du 23 août 2007

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