l'Essor n°15151 du - 2004-02-25
40 jours après sa nomination à la tête de l'exécutif de l'Union, Soumaïla Cissé a pris fonction vendredi lors d'une cérémonie pleine d'émotionUne passation de service est toujours un moment d'émotion, quelque soit le niveau de responsabilité. Pour un poste comme la présidence de la Commission de l'UEMOA, elle peut même être presque poignante comme on l'a vu vendredi à Ouagadougou lors de l'installation de notre compatriote Soumaïla Cissé à la tête de cette commission. Cette prise de fonction intervenait 40 jours après sa nomination par les chefs d'État réunis le 10 janvier dernier à Niamey.
Les grands moyens Notre pays pour qui cette nomination constitue un succès diplomatique majeur, a fait les choses en grand pour l'occasion. Le gouvernement avait dépêché à Ouagadougou quatre de ses membres : le ministre de l'Économie et des Finances, Bassary Touré, celui de l'Équipement et des Transports, Ousmane Issoufi Maïga, et les ministres délégués chargés des Maliens de l'extérieur et de l'Intégration africaine et de la Sécurité alimentaire, Oumar Hamadoun Dicko et Ibrahima Oumar Touré. Les responsables de l'Union pour la république et la démocratie (URD), parti inspiré par Soumaïla Cissé, étaient également nombreux à la cérémonie.La Commission de l'UEMOA avait invité le président du Comité interparlementaire de l'Union, Mahamane Ousmane (Niger), finalement représenté par son vice-président Mélégué Traoré (Burkina Faso), le premier président de la commission, le Sénégalais Ousmane Seck (1994-1996), tous les anciens commissaires et des journalistes des huit pays membres de l'organisation.La cérémonie était présidée par le président en exercice du conseil des ministres de l'Union, le ministre béninois de l'Économie et des Finances, Grégoire Lahou. C'est lui qui installera officiellement Soumaïla Cissé à la tête de l'exécutif de l'organisation sous-régionale. "Au nom de Mamadou Tandja président de la République du Niger et président en exercice de l'UEMOA, je vous déclare solennellement installé dans vos fonctions et vous souhaite d'y connaître un plein succès." La lecture de la formule consacrée fut le point d'orgue de la cérémonie.
Pluie d'éloges Auparavant, les différents intervenants -le représentant du personnel, le vice-président du CIP, Mélégué Traoré, le président du conseil des ministres, Grégoire Lahou- n'avaient pas tari d'éloges sur le président sortant et sur le nouveau. Les deux personnalités eux-mêmes n'étaient pas demeurées en reste. "Je peux dire qu'il ne s'agit pas d'un changement, mais plutôt d'une continuité. La commission est dans de bonnes mains." Le ton des amabilités était donné par le président sortant Moussa Touré qui a salué la capacité de son successeur à relever les défis qui attendent une organisation considérée aujourd'hui comme le modèle le plus achevé en matière d'intégration sur le continent.Soumaïla Cissé complimentera lui aussi son prédécesseur : "Après tant d'années passées au service de l'UEMOA, tu pars, Moussa, avec les honneurs (...) Tu as abattu un travail remarquable et tu laisseras sans nul doute les cœurs meurtris. Moussa, tu pars la tête haute, tu quittes des frères, amis et collègues qui ne t'abandonneront jamais".Soumaïla Cissé a déclaré aborder sa nouvelle fonction dans un esprit de service et s'est dit déterminé à mériter de la confiance placée en lui par les chefs d'État. "J'exprime cet engagement en ayant une claire conscience des responsabilités qui en découlent, engagements qui sont à la dimension des immenses attentes de nos populations".
Les priorités- Après la cérémonie d'installation le nouveau président de l'exécutif de l'Union animera une conférence de presse au cours de laquelle il reviendra largement sur les défis qui l'attendent. Car s'il reconnaît qu'en dix ans, des reformes importantes ont été faites, il est aussi conscient qu'il reste beaucoup à faire. Sa priorité première sera de mesurer la solidité du socle sur lequel repose l'organisation et de s'assurer que le point de non retour en matière d'intégration est atteint. Une intégration sérieusement mise à l'épreuve par la crise qui secoue la Côte d'Ivoire, un pays qui pèse pour près de 40% du PIB de l'Union. Cette crise a plombé les comptes de l'union qui doit aujourd'hui quelque 30 milliards de Fcfa aux États membres dont 25 milliards pour les pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger) au titre des prélèvements communautaires de solidarité (PCS). Ces prélèvements compensent les pertes en recettes douanières occasionnées par l'élimination des barrières douanières. Si cette situation perdure, certains pays pourraient être tentés de récupérer ces pertes par l'édification de barrières non tarifaires et de provoquer ainsi un grave recul. Heureusement, les choses commencent à rentrer dans l'ordre puisque depuis le mois dernier, la Côte d'Ivoire remplit ses obligations statutaires, a confirmé Soumaïla Cissé.
Une collégialité réelle Une autre priorité du nouveau président de la Commission, est la libre circulation des personnes et des biens et le droit d'établissement. "A quoi cela sert de faire librement circuler les biens si leurs propriétaires ne peuvent pas faire de même ?", s'est-il interrogé en situant la crédibilité d'une union dans le respect par les parties prenantes des engagements librement pris.La stabilité est aussi importante comme le démontre la situation de la Côte d'Ivoire, a relevé Soumaïla Cissé qui a assuré que l'Union s'emploiera à ramener la paix dans ce pays pour qu'il retrouve sa place de locomotive sous-régionale.L'Union est aussi interpellée sur le terrain social, à la nécessité pour chacun de sentir que l'union est une réalité. La réalisation de programmes sectoriels communs y contribuera notamment l'aménagement du territoire communautaire en faveur des régions les plus défavorisées. "Pendant dix ans, on s'est essentiellement consacré à l'économie, il faut maintenant approfondir les aspects sociaux", préconisera notre ancien ministre des Finances.Cependant a-t-il averti, il ne possède aucune baguette magique susceptible d'accélérer les choses. La performance viendra d'une "collégialité réelle" au sein de la Commission et de la transparence instaurée dans le travail avec les cadres et le personnel.A Ouagadougou, tous saluent le travail fait en dix ans et les mérites de Moussa Touré. Mais la même unanimité souligne l'ampleur des défis à venir et les qualités de Soumaïla Cissé qui apparaît comme l'homme de la situation pour faire passer à l'organisation, un cap décisif. Envoyé spécial S. TOGOLA
40 jours après sa nomination à la tête de l'exécutif de l'Union, Soumaïla Cissé a pris fonction vendredi lors d'une cérémonie pleine d'émotionUne passation de service est toujours un moment d'émotion, quelque soit le niveau de responsabilité. Pour un poste comme la présidence de la Commission de l'UEMOA, elle peut même être presque poignante comme on l'a vu vendredi à Ouagadougou lors de l'installation de notre compatriote Soumaïla Cissé à la tête de cette commission. Cette prise de fonction intervenait 40 jours après sa nomination par les chefs d'État réunis le 10 janvier dernier à Niamey.
Les grands moyens Notre pays pour qui cette nomination constitue un succès diplomatique majeur, a fait les choses en grand pour l'occasion. Le gouvernement avait dépêché à Ouagadougou quatre de ses membres : le ministre de l'Économie et des Finances, Bassary Touré, celui de l'Équipement et des Transports, Ousmane Issoufi Maïga, et les ministres délégués chargés des Maliens de l'extérieur et de l'Intégration africaine et de la Sécurité alimentaire, Oumar Hamadoun Dicko et Ibrahima Oumar Touré. Les responsables de l'Union pour la république et la démocratie (URD), parti inspiré par Soumaïla Cissé, étaient également nombreux à la cérémonie.La Commission de l'UEMOA avait invité le président du Comité interparlementaire de l'Union, Mahamane Ousmane (Niger), finalement représenté par son vice-président Mélégué Traoré (Burkina Faso), le premier président de la commission, le Sénégalais Ousmane Seck (1994-1996), tous les anciens commissaires et des journalistes des huit pays membres de l'organisation.La cérémonie était présidée par le président en exercice du conseil des ministres de l'Union, le ministre béninois de l'Économie et des Finances, Grégoire Lahou. C'est lui qui installera officiellement Soumaïla Cissé à la tête de l'exécutif de l'organisation sous-régionale. "Au nom de Mamadou Tandja président de la République du Niger et président en exercice de l'UEMOA, je vous déclare solennellement installé dans vos fonctions et vous souhaite d'y connaître un plein succès." La lecture de la formule consacrée fut le point d'orgue de la cérémonie.
Pluie d'éloges Auparavant, les différents intervenants -le représentant du personnel, le vice-président du CIP, Mélégué Traoré, le président du conseil des ministres, Grégoire Lahou- n'avaient pas tari d'éloges sur le président sortant et sur le nouveau. Les deux personnalités eux-mêmes n'étaient pas demeurées en reste. "Je peux dire qu'il ne s'agit pas d'un changement, mais plutôt d'une continuité. La commission est dans de bonnes mains." Le ton des amabilités était donné par le président sortant Moussa Touré qui a salué la capacité de son successeur à relever les défis qui attendent une organisation considérée aujourd'hui comme le modèle le plus achevé en matière d'intégration sur le continent.Soumaïla Cissé complimentera lui aussi son prédécesseur : "Après tant d'années passées au service de l'UEMOA, tu pars, Moussa, avec les honneurs (...) Tu as abattu un travail remarquable et tu laisseras sans nul doute les cœurs meurtris. Moussa, tu pars la tête haute, tu quittes des frères, amis et collègues qui ne t'abandonneront jamais".Soumaïla Cissé a déclaré aborder sa nouvelle fonction dans un esprit de service et s'est dit déterminé à mériter de la confiance placée en lui par les chefs d'État. "J'exprime cet engagement en ayant une claire conscience des responsabilités qui en découlent, engagements qui sont à la dimension des immenses attentes de nos populations".
Les priorités- Après la cérémonie d'installation le nouveau président de l'exécutif de l'Union animera une conférence de presse au cours de laquelle il reviendra largement sur les défis qui l'attendent. Car s'il reconnaît qu'en dix ans, des reformes importantes ont été faites, il est aussi conscient qu'il reste beaucoup à faire. Sa priorité première sera de mesurer la solidité du socle sur lequel repose l'organisation et de s'assurer que le point de non retour en matière d'intégration est atteint. Une intégration sérieusement mise à l'épreuve par la crise qui secoue la Côte d'Ivoire, un pays qui pèse pour près de 40% du PIB de l'Union. Cette crise a plombé les comptes de l'union qui doit aujourd'hui quelque 30 milliards de Fcfa aux États membres dont 25 milliards pour les pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger) au titre des prélèvements communautaires de solidarité (PCS). Ces prélèvements compensent les pertes en recettes douanières occasionnées par l'élimination des barrières douanières. Si cette situation perdure, certains pays pourraient être tentés de récupérer ces pertes par l'édification de barrières non tarifaires et de provoquer ainsi un grave recul. Heureusement, les choses commencent à rentrer dans l'ordre puisque depuis le mois dernier, la Côte d'Ivoire remplit ses obligations statutaires, a confirmé Soumaïla Cissé.
Une collégialité réelle Une autre priorité du nouveau président de la Commission, est la libre circulation des personnes et des biens et le droit d'établissement. "A quoi cela sert de faire librement circuler les biens si leurs propriétaires ne peuvent pas faire de même ?", s'est-il interrogé en situant la crédibilité d'une union dans le respect par les parties prenantes des engagements librement pris.La stabilité est aussi importante comme le démontre la situation de la Côte d'Ivoire, a relevé Soumaïla Cissé qui a assuré que l'Union s'emploiera à ramener la paix dans ce pays pour qu'il retrouve sa place de locomotive sous-régionale.L'Union est aussi interpellée sur le terrain social, à la nécessité pour chacun de sentir que l'union est une réalité. La réalisation de programmes sectoriels communs y contribuera notamment l'aménagement du territoire communautaire en faveur des régions les plus défavorisées. "Pendant dix ans, on s'est essentiellement consacré à l'économie, il faut maintenant approfondir les aspects sociaux", préconisera notre ancien ministre des Finances.Cependant a-t-il averti, il ne possède aucune baguette magique susceptible d'accélérer les choses. La performance viendra d'une "collégialité réelle" au sein de la Commission et de la transparence instaurée dans le travail avec les cadres et le personnel.A Ouagadougou, tous saluent le travail fait en dix ans et les mérites de Moussa Touré. Mais la même unanimité souligne l'ampleur des défis à venir et les qualités de Soumaïla Cissé qui apparaît comme l'homme de la situation pour faire passer à l'organisation, un cap décisif. Envoyé spécial S. TOGOLA
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