mardi 9 mars 2010

DISCOURS DU PARRAIN

Honorables invités ;
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi, une grande joie et aussi un honneur, de prendre la parole à l’occasion de l’inauguration de l’Institut des Sciences Traditionnelles de Ouagadougou.
Je tiens, en cette solennelle circonstance, à saluer les personnalités qui, par leur présence, rehaussent l’éclat de cette cérémonie. Je voudrais surtout, vous remercier, Excellence le Larlé Naaba Tigré.
Merci pour m’avoir honoré à travers le parrainage de cette initiative d'une portée, à la fois culturelle et académique.
L’inauguration de l’Institut des Sciences Traditionnels de Ouagadougou, qui entre en droite ligne de la commémoration des 20 ans de votre investiture, m’offre ainsi l’heureuse occasion de vous exprimer, encore une fois, mes félicitations et mes vœux de bonheur et de succès.
Excellence le Larlé Naaba Tigré, ce jour ajoute un maillon de plus à la si riche et longue chaîne de vos réalisations. L’ISTRAD qui a le mérite de se focaliser sur les savoirs traditionnels, traduit ainsi votre foi, votre engagement et surtout votre vision : celle de concilier tradition et modernité, théorie et pratique.

C’est pourquoi, je voudrais saluer fortement cette initiative et encourager les enseignants, les étudiants, les chercheurs de tous genres, et, toutes les personnes ressources, à s’impliquer dans les activités de l’ISTRAD Cet institut dédié à la culture sera sûrement, tant pour les apprenants que pour les visiteurs, un lieu de réflexion et d’action. L’équipe expérimentée et bien reconnue au plan international qui le dirige aura la rude tâche de lui donner une dimension sous-régionale et même continentale.
Il s’agira donc pour l’Institut d’avoir l’ambition de rechercher, de répertorier et de diffuser les éléments scientifiques de notre culture afin d’éviter la perte de pans entiers de notre civilisation.

Chaque jour, chaque minute, constitue un temps perdu dans la terrible course contre la montre qui s’impose à nous, dans le cadre de la sauvegarde de la mémoire culturelle de l’humanité toute entière.
C’est là, que le mot du sage Amadou Hampaté BA prend toute sa valeur: « En Afrique, tout vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle. »
A côté de sa mission de conservation et de diffusion, l’ISTRAD plus qu’une salle de classe, sera donc une école, au propre comme au figuré, une école de la vie, à la fois réceptive et interactive.
L’ISTRAD doit ainsi ambitionner de devenir un outil de conciliation et de réconciliation sociale, en même temps qu’un lieu de confrontations culturelles saines et fructueuses : les Samo par exemple, par leur droit en tant parent à plaisanterie, pourront venir contester la suprématie des Mossé et… inversement….

Ce nouvel outil d’expression culturelle qui, sûrement, va parler du passé et de ses différents héritages, doit être également tourné vers l’avenir : c’est même sa vocation prospective.

Honorables Invités ;
Mesdames, Messieurs ;
L’Afrique peut offrir au monde ses valeurs d’humanisme fait de fraternité, de solidarité, de tolérance, de dialogue et de consensus. Au moment des replis identitaires, la culture est un moyen efficace pour bâtir des « pays frontières » où, les tracés conventionnels qui les séparent, doivent cesser d’être des points de rupture, pour devenir des points de suture, et surtout, rester de véritables zones de convergence et de convivialité.
C’est, en effet, dans leurs propres racines historiques et culturelles que les pays africains trouveront les fondements de la véritable intégration.

Notre combat et notre conviction à l’UEMOA sont basés sur un credo clair : l’intégration, basée sur nos valeurs sociétales, est la clé de notre avenir.

Les médiations faites au sein de notre Union, avec le succès reconnu, nous réconfortent et nous encouragent. Le Burkina, à travers un leadership pragmatique, a, en effet, réussi le pari de réconcilier de nombreux protagonistes de crises sociopolitiques sur la base d’un mode de gestion qui honore toute l’Afrique.
Le récent prix attribué au Président du Faso pour ses efforts dans ce sens, en constitue une preuve éloquente. C’est un hommage que je tenais à rendre au Burkina Faso, un pays phare de l’UEMOA !

Honorables Invités ;
Mesdames, Messieurs ;

L’intégration régionale peut garantir la paix et la sécurité ; elle peut assurer le développement économique.
Au dernier sommet de notre Union, tenu à Bamako, il y a quelques jours, nous avons eu la bonne idée, je peux le dire aujourd’hui, nous avons eu donc l’idée d’inviter la Directrice Générale de l’Unesco. Dans son adresse à la Conférence, Madame Irina Bokova a fait un plaidoyer exceptionnel en faveur de la dimension culturelle du développement.

Elle a affirmé qu’il serait nécessaire de classer la culture parmi les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Cette vocation de l’UNESCO rejoint notre une conviction que nous partageons, conviction selon laquelle : « Pour que l’intégration africaine réussisse, elle doit passer nécessairement par l’intégration des esprits à travers l’interface éducation-culture. »

Jean Monnet, le père de l’Union Européenne affirmait, après coup, que s’il devait reprendre le projet de l’intégration européenne, il commencerait volontiers, par la culture. La primauté du fait culturel est donc avérée et, en Afrique aussi, le succès de l’intégration africaine est au prix de la promotion de notre culture. Le « berceau de l'humanité" peut ainsi donner l’exemple d’un dialogue œcuménique entre les civilisations, entre les cultures et les nations. Cette noble et pacifique croisade peut se gagner rapidement et efficacement.

Pour cela, à l’image de la Princesse Yennenga, la cavalière intrépide, nous devons, d’abord, gagner la "bataille dans les esprits" afin de faire de la culture une véritable industrie au service du développement donc, au bénéfice de nos populations.

Joyeux anniversaire, et, bon vent à l’ISTRAD !

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