Présidence de l’URD : Le maintien de Younoussi Touré pourra t-il éviter le clash ?
L'indicateur Renouveau - 29/04/2008
Selon toute analyse, le terrain était balisé en vue de la reconduction de l’élu de la circonscription électorale de Niafunké aux commandes de la formation politique à la faveur de ce 2e Congrès. La teneur du discours d’ouverture de Soumaïla Cissé et les tractations préalables avaient permis de deviner l’issue des travaux. Seulement voilà, la question que bon nombre d’observateurs se posent est de savoir si le maintien de l’ex-Premier ministre à la tête du parti de la poignée de mains, au détriment de son concurrent, Oumar Ibrahim Touré, sera une panacée quand on sait que Younoussi ne fait plus l’unanimité au sein de la base du parti.
L’actualité politique nationale, et tant attendue, a été véritablement marquée ce week-end par la tenue des assises du 2ème congrès ordinaire de l’Union pour la République et la Démocratie. Il s’agissait pour les délégués des structures de base de procéder à la relecture des textes du parti, de faire l’état des lieux du niveau d’implantation du parti, de tirer le bilan de sa participation aux élections précédentes et de jeter les bases préparatifs des élections communales de 2009 et générales de 2012.
L’un des sujets dominants de ce 2ème congrès de l’URD était sans doute le renouvellement de l’instance dirigeante du parti. La question, qui avait fait l’objet de toutes les contradictions entre les barons du bureau sortant, avait suscité, d’une part, de nombreuses inquiétudes chez les militants au regard de la menace sur la sérénité et la cohésion au sein du parti, et d’autre part, chez les observateurs qui craignaient le spectre d’une nouvelle cassure à cause de l’intense guerre de positionnement engagée autour du poste de président entre le président sortant, Younoussi Touré, et le 2ème vice-président du bureau sortant, actuel ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré. Fort heureusement « l’unité et la cohésion » prônée par les congressistes et mis en avant par Soumaïla Cissé, ont fini par avoir raison des querelles d’intérêts. Younoussi Touré, qui n’a pas eu de challenger, a été reconduit à l’unanimité des délégués, à la tête du parti. En même temps, Abdoul Wahab Berthé et Oumar Ibrahim Touré (ministres du travail et de la santé) conservent respectivement leurs postes de 1er et de 2ème vice-présidents.
Mais selon toute vraisemblance, le jeu était déjà fait pour aboutir à ce schéma. Tant les tractations furent intenses depuis quelques temps. D’abord après la déclaration, il deux mois, faite par le ministre Touré de sa volonté de briguer la présidence du parti. « Je serai candidat pour donner un souffle nouveau au parti. Je suis candidat afin de permettre au parti de ratisser large pendant les élections communales de 2009, et de lui permettre de se positionner sur l’échiquier national en tant que principale forte politique… Il est nécessaire que j’obtienne le soutien de Soumaïla Cissé. Mais avec ou sans son accord je serai candidat. » Ainsi avait martelé le numéro trois du parti en son temps dans les colonnes de notre confrère « L’Indépendant ». Par cette déclaration à l’allure de guerre de tranchées, la tension était forte au sein de l’URD, et les militants étaient divisés quant au choix de celui qui devrait conduire le parti aux prochaines consultations électorales. Pour les partisans du ministre Touré, Younoussi « est un vieux qu’il est trop facile à faire renoncer et qui n’a visiblement plus rien à apporter de nouveau à la vie du parti ». Faux ! rétorquaient les partisans de l’ancien Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré. Qui arguent que « l’expérience et la sagesse de l’homme, le caractère positif du bilan des quatre dernières années d’exercice, sont autant de facteurs qui nécessitent de lui renouveler la confiance». En clair, la bataille des arguments était rude.
En service depuis Ouagadougou, dans la capitale du Burkina Faso, en sa qualité de président de la Commission de l’UEMOA, Soumaïla Cissé s’était vite transporté à Bamako pour une mission spéciale en vue de réconcilier « les frères viraux ». Quarante huit heures d’intenses négociations et de médiations avec participation des membres du comité des sages du parti, ont permis de faire plier le ministre Touré. Les acteurs sont en effet parvenus à un accord à travers le retrait, par communiqué lu à la télévision nationale, de la candidature du 2ème vice-président. Depuis ce jour, l’implication personnelle du parrain du parti pour faire prévaloir le consensus, avait donné une idée de l’issue du présent congrès.
Mieux, l’URD n’avait aucun intérêt, selon toute analyse, à changer « une équipez qui gagne ». Tant les congressistes ont été unanimes sur le caractère positif du bilan du président sortant. Plus de 1.636 conseillers municipaux à l’issue des élections communales de 2004, dont 104 maires, 29 députés au sortir des dernières élections législatives, deux postes au gouvernement, sans oublier la 1ère vice-présidence de l’Assemblée nationale (assurée par Younoussi lui-même), et plusieurs autres postes stratégiques, la forte adhésion au parti de nouveaux militants dissidents d’autres formations politiques, etc. Bref, quatre années d’existence ont permis au parti de se placer 2ème force politique après l’ADEMA-PASJ. Ceci est véritablement à l’actif du président Younoussi qui a su faire prévaloir les idéaux du parti », expliquait dimanche dernier ce haut responsable de la formation politique au sortir du congrès. Soumaïla Cissé qui ne s’est nullement abstenu de saluer le caractère positif de ce bilan, avait alors besoin de cet « artisan » pour consolider les acquis et faire face aux nouveaux défis de l’heure.
Mieux encore, quelques jours avant l’ouverture des travaux du congrès, déjà la candidature de Younoussi bénéficiait, du moins selon nos sources, de l’adhésion de l’écrasante majorité des délégués des sections. Lesquelles avaient exprimé leur souci que toutes les décisions concernant le parti fassent l’objet de consensus au sein de l’appareil dirigeant. Ce qui signifiait, selon certains, que les dés étaient déjà pipés pour Oumar Ibrahim. Etait-ce la raison de son renoncement ? Beaucoup d’observateurs le croient.
Enfin, la teneur du discours d’ouverture de Soumaïla Cissé samedi dernier ne pouvait que présager d’une telle issue des travaux. Insistant sur la nécessité de « préserver l’unité et la cohésion au sein du parti pour prétendre atteindre les objectifs de 2009 et de 2012 », l’homme a révélé aux congressistes son souci de maintenir l’union entre les militants.
Bref au regard de tous ces aspects et ces raisons qui ont prévalu à la réélection du Younoussi, on comprend aisément que Soumaïla Cissé est et demeure le seul maître à bord au sein de l’appareil URD. Et que toute décision importante engageant la vie du parti prend forcément en compte son avis. Comme pour dire qu’il est le seul responsable des bons choix et des erreurs de l’URD. Toutefois, l’on est en droit de se poser la question de savoir si son choix actuel ferra l’unanimité au sein de son parti. Des sources nous apprennent qu’il est fort reproché à l’ex-Premier ministre son éloignement de ses militants, auxquels il reste inaccessible. Or, en politique, plus on est loin de la base, moins on a d’influence sur le jeu du parti. Ce qui fait que dans ce cas-ci, les choses risquent d’être très difficiles pour ce second mandat de Younoussi. L’on peut aussi s’interroger sur l’attitude que le ministre Oumar Ibrahim Touré adoptera jusqu’à la fin de ce mandat, lui qui est réputé plus proche de la base et considéré comme étant son chouchou.
Issa Fakaba SISSOKO
mardi 29 avril 2008
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