jeudi 15 août 2013

Présidentielle malienne : IBK a gagné mais Soumaïla Cissé n’a pas perdu

Présidentielle malienne : IBK a gagné mais Soumaïla Cissé n’a pas perdu
Mardi, 13 Août 2013 20:27
La démocratie malienne est de nouveau en marche, et il faut s’en féliciter. Le pays vient de loin, de très loin et ce, grâce à des patriotes convaincus. En effet, avant même la publication des résultats  provisoires du second tour de la présidentielle, Soumaïla Cissé  avait  rendu visite à son challenger, Ibrahim  Boubacar Keïta,  pour reconnaître sa défaite et le féliciter pour son élection à la magistrature suprême. Ce qui est suffisamment  rare comme les larmes d’un chien sur un continent gagné par les fraudes électorales et où les lendemains de scrutins se transforment  bien des fois  en violentes contestations contre les résultats des urnes, voire en guerres civiles.

C’est là donc tout le mérite de l’ex- président de la Commission de l’UEMOA. Et à travers cette élégance républicaine teintée de sauce africaine qui confère tout de go au perdant une stature d’homme d’Etat, on est en droit de dire qu'IBK a gagné mais  Soumaïla Cissé n’a pas perdu. Ce dernier a montré si besoin en était que le bateau battant pavillon Mali passe avant tout. Joueur  fair-play, il l’a été, car ce technocrate  doublé de fin politique ne  s’est pas contenté de prendre son téléphone pour appeler IBK et le féliciter. Il s’est rendu personnellement au domicile de son challenger (de quatre  ans son aîné) avec son épouse et ses enfants pour lui présenter ses félicitations. Ce qui n’est pas rien, car étant  tout un  symbole  sous nos tropiques.
Après avoir pris connaissance  du  dépouillement des deux tiers  des bulletins et avoir constaté que son rival  arrivait très largement en tête, Soumaïla Cissé savait plus que quiconque  que  les carottes étaient cuites et qu’il ne pouvait aucunement rattraper son retard. Et pourtant que de peur   que cette présidentielle ne se transformât en un flop organisationnel et ne dégénerât en conflits postélectoraux ingérables dans un Mali au creux de la vague !
En effet, compte tenu du délai relativement court consacré à l’organisation de ce scrutin, on s’attendait d’abord  à une organisation  approximative dans le meilleur des cas. On s’attendait ensuite à ce que les rebelles s’y invitent de la plus détestable des manières. Enfin il y avait la donne presque inévitable de  conflits postélectoraux qui n’était pas à prendre à la légère. Rien de tout cela, sauf que  le  lundi 12 août  dernier, au lendemain du scrutin, Gouagnon Coulibaly, le directeur de campagne de Soumaïla Cissé,  avait jeté un pavé dans cette mare politique  en portant  une estocade au camp adverse par une  dénonciation en règle de «fraudes massives» et «en accusant l’administration électorale de partialité».
Pourtant, en dehors des fortes pluies qui avaient perturbé le vote, notamment à Bamako, nombreux  étaient les observateurs  qui  estimaient que le scrutin avait été limpide comme l’eau de roche et, mieux, que les jeux étaient déjà faits en faveur d’IBK.
Véritable métronome du landernau politique malien depuis deux décennies, le futur président malien  aura la très lourde tâche de redresser et de réconcilier un pays traumatisé et affaibli par dix-huit mois d’une profonde crise politique et militaire, qui, on se souvient, avait débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le Nord ; un pays que  le  coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 du capitaine Amadou Sanogo avait fini de précipiter  dans l'abîme. C’est dire toute la complexité de l’équation qui attend IBK. Ses qualités d’homme d’Etat seront donc requises  pour sortir l’ex-Soudan français de l’ornière, ce, d’autant plus  que les attentes des populations sont  pressantes.

Boureima Diallo
Mise à jour le Mardi, 13 Août 2013 20:38
 

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