Crédits photo : TANYA BINDRA/EPA/MAXPPP
PORTRAIT - Le challenger d'Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au second tour de la présidentielle de dimanche prochain fait campagne de manière policée.
À Bamako,
Soumaïla Cissé le sait mieux que personne: il risque d'être le grand perdant du coup d'État de mars 2012 qui balaya le président Amadou Toumani Touré et mit à bas la République malienne. Dans les élections qui devaient se tenir en avril 2012, il tenait rang de favori. Sa carrière d'économiste distingué, d'ancien ministre des Finances et de président de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) faisait de lui le candidat idéal pour redresser un taux de croissance trop faible.
Un an et demi de crise et de guerre plus tard, le constat est tout autre. À l'approche du second tour de la présidentielle, dimanche 11 août, il accuse un retard de près de vingt points sur son rival Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), avec 19,5 % des voix selon les résultats provisoires du premier tour.
Dans le salon d'un hôtel chic de Bamako où il reçoit, Soumaïla Cissé assure néanmoins croire en sa victoire. Comme toujours, sa mise est impeccable. «Le deuxième tour était attendu même si je pense que l'écart n'aurait pas dû être aussi grand. Il n'est pas rédhibitoire», dit-il du ton suave dont il ne se départit jamais.
Même quand il s'agit de dénoncer les irrégularités qui, selon lui, ont émaillé le vote. «L'arbre de la grande mobilisation des électeurs ne doit pas cacher la forêt de la fraude et de l'impréparation de ce scrutin», explique-t-il, dénonçant «un parti pris réel de d'administration». En guise de protestation, il se contentera de recours légaux devant la Cour constitutionnelle, dont on dit qu'elle ne lui est pas défavorable, sans faire donner les journaux qui lui sont acquis. Soumaïla Cissé n'aime pas, officiellement, le bruit et la fureur. Une question d'éducation sans doute.
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