Avec l’appui des bailleurs de fonds, qui ne confient guère leurs sous à un président médiocre, Ouattara a engagé une vaste réforme économique fondée, entre autres, sur la réhabilitation des infrastructures (téléphonie, routes, ports, énergie), la relance du secteur agricole, la création d’un environnement administratif et bancaire propice aux affaires et la lutte contre la corruption. Résultat : de 4,5 % en 2011, le Produit intérieur brut, c’est-à-dire la richesse globale de la nation, a connu un taux de croissance de 8,6 % en 2012. Ouattara compte sur une croissance à 2 chiffres en 2013. Il a déjà obtenu, en juin 2012, que le FMI, la Banque Mondiale et le Club de Paris réduisent la dette extérieure ivoirienne de 64,2 % ; le pays économise ainsi 8,18 milliards de dollars (plus de 4000 milliards de FCFA) ! Alassane Ouattara qui, en tant que président de la CEDEAO, a joué un rôle éminent dans la restauration de la Constitution et de l’intégrité territoriale du Mali, souhaite sans doute pour ce pays convalescent un économiste chevronné capable, comme lui, de remettre une nation débout. Ceux qui fréquentent le palais présidentiel ivoirien savent toute l’estime que l’hôte des lieux porte à Soumaila Cissé. Ce n’est pas un hasard si, en mai 2013, Ouattara reçut Soumaila Cissé, le candidat de l’URD à la présidentielle malienne, avec les plus grands honneurs. Et lors de son récent séjour au Gabon, le 24 juin 2013, les Maliens de ce pays se mobilisèrent en masse pour accueillir celui qu’ils appellent » le Ouattara malien « . Alors, doit-on voir en Soumaila Cissé le Ouattara malien ? Il semble que oui. En effet, l’expertise économique et financière de Cissé se passe de commentaires. L’homme a fait ses premières armes à la CMDT, alors dirigée par feu Boubacar Sada Sy dont nul n’ignore l’extrême rigueur. Nommé Coordinateur du projet Mali-sud II à la CMDT en mai 1984, Soumaila Cissé, au regard de ses performances, passe Directeur des Programmes et du Contrôle de Gestion en juillet 1986. En 1989, il conçoit le projet Mali-Sud III qui vise à moderniser les usines d’égrenage et à en créer de nouvelles. Le projet emporte l’adhésion des bailleurs de fonds qui y injectent 75 milliards entre 1990 et 1995. Le projet permet de développer les zones cotonnières qui font vivre 3 millions de Maliens, d’organiser le monde rural, de booster la production céréalière et la recherche agronomique, de renforcer le crédit agricole et l’hydraulique villageoise, de créer des pistes rurales et de faire de la CMDT le grenier du Mali. Grâce à Mali-Sud III, la production de coton-graine passe de 139 067 tonnes en 1984 à 239 151 tonnes en 1989. Directeur général intérimaire de la CMDT en avril 1991, Cissé quitte cette entreprise pour prendre, en février 1992, les rênes de la toute nouvelle Agence de Cessions Immobilières (ACI). L’ACI est une initiative de Cissé qui y voit un moyen de résoudre les problèmes fonciers, de décongestionner la capitale malienne et de la doter de quartiers de haut standing. Grâce à l’ACI, des milliers de Maliens, y compris ceux de l’étranger, acquièrent un toit sûr ; nombre de quartiers de Bamako sont viabilisés et la cité change de visage. Le succès de l’ACI montre bien comment, à partir de rien, Cissé transforme un pays. En fait, l’homme, qui ne fut jamais fonctionnaire public, n’a rien d’un bureaucrate. C’est d’ailleurs sa culture du résultat qui lui vaut l’admiration du président Alpha Oumar Konaré. Dès son élection en 1992, Konaré fait de Soumaila Cissé le secrétaire général de la présidence de la République. Avant de lui confier, en 1993, le ministère des Finances que l’intéressé dirige, sans discontinuer, pendant 7 ans. Fidèle à ses pratiques d’innovation, le ministre informatise les impôts, la douane et le trésor, ce qui rend le paiement des salaires plus rapide et plus transparent. Il reconstruit le marché rose de Bamako. Pour encourager le commerce, il diminue les impôts payés par les grands commerçants et sauve les petits commerçants des tracasseries administratives en créant l’impôt synthétique, payable une seule fois par an. Si, contrairement à beaucoup de ses voisins, le Mali digère sans encombre le choc de la dévaluation du franc CFA, c’est assurément en raison de la gestion prudente du ministre des Finances. Le président Konaré se réjouit tant de cette gestion qu’en 2000, il porte Soumaila Cissé à la tête du super-ministère de l’Équipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme. A l’époque, en raison des retards accusés dans l’édification de stades, de routes et de maisons de séjour, le Mali était à deux doigts de se voir retirer par la FIFA l’organisation de la coupe d’Afrique de football. Le volontarisme de Soumaila Cissé, qui multiplie les réalisations, évite au pays l’humiliation : la CAN 2002 passe ainsi pour l’une des mieux réussies. La même frénésie de travail permet à Cissé, en tant que président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) entre 2004 et 2011, de réaliser plus de 3.000 forages dans les pays membres, dont 454 au Mali. A l’instigation de Soumaila Cissé, la 12ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA a approuvé, en mars 2009, l’Initiative Régionale pour l’Energie Durable (IRED). Cette initiative, qui vise à porter le taux d’électrification dans l’espace UEMOA de 17% à 80%, à ramener le prix moyen de l’électricité à 30 FCFA le kilowatt et à développer les énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse, etc.), est doté de quelque 600 milliards de FCFA. On le voit, le parcours de Soumaila Cissé lui a permis, comme son illustre sosie Ouattara, de se familiariser avec les concepts du développement, les rouages de l’Etat, le monde de la finance ainsi que celui de la diplomatie. On peut compter sur lui pour mobiliser les milliards d’euros promis à notre pays lors de la conférence de Bruxelles : le déblocage effectif de ces sommes faramineuses dépend, en effet, de la crédibilité du pouvoir malien, de sa capacité à injecter, sans effets pervers, les fonds dans l’économie et de justifier de leur utilisation rigoureuse. Un président qui ne s’y entend pas dans les chiffres aura tôt fait de gaspiller les précieuses aides, ce qui conduirait les bailleurs à fermer le robinet. Enfin, un pays qui, comme le Mali, entame un long compagnonnage avec l’ONU (le déploiement de 12 600 casques bleus n’en est qu’un aspect), a besoin, pour ne pas décevoir, d’un leader à la compétence reconnue, au républicanisme sourcilleux et au carnet d’adresses fourni. Soumaila Cissé ne répond-il pas à ces critères hautement sélectifs ? Bakary Diarra
SOURCE: L'Indépendant du 18 juil 2013
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