ATT - Cissé : leçons d'un duel(Jeune Afrique Du 13 au 19 mai 2002)
Selon l'article de l'envoye special de Jeune Afrique-L'Intelligent, "Ce fut donc un duel entre Amadou Toumani Touré (54 ans) et Soumalla Cisse(53 ans) ! Le fils de Mopti contre le natif de Tombouctou, l'ancien président du régime de transition (mars 1991-juin 1992) contre l'exgrand argentier du Mali, le général à la retraite resté « un militaire dans l'âme » contre l'ingénieur en informatique et en gestion, le « candidat sans parti » (soutenu, néanmoins, par une trentaine de formations politiques et autant de clubs et d'associations) contre le porte-drapeau de l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma). Mais aussi le chouchou des organisations non gouvernementales(ONG), des chancelleries étrangères et des chefs d'État africains contre le technocrate froid qui a mené campagne avec de grands moyens, fait appel à des conseillers étrangers et utilisé un hélicoptère (prêté, dit-on, par un homme d'affaires libanais de Dakar) pour sillonner un pays plus vaste que le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Burkina, le Bénin, le Togo et la Gambie réunis. Et, pour ce qui concerne les internautes, www.att2002.net versus www .soumailacisse. netCe 12 mai, la bataille du second tour opposait également -peu de gens le savent -deux vieilles connaissances, deux proches, pour ne pas dire deux amis, qui se sont rencontrésà plusieurs reprises ces dernières années, souvent à l'abri des regards indiscrets, notamment dans un grand hôtel parisien. Sujets de discussion favoris de ces tête-à-tête : la querelle de leadership au sein de l'Adéma, la présidentielle et les législatives, sans oublier, bien entendu, les stratégies électorales... Au terme du premier tour de scrutin, le 28 avril, qui a connu une inflation d'aspirants (vingt-quatre, contre neuf, dix ans plus tôt), les deux vieux « complices » ont, chacun, décroché un ticket pour la finale en obtenant près de 28 % des suffrages exprimés pour Amadou Toumani Touré, et environ 23 % pour Soumaïla Cissé. Sans attendre la proclamation des résultats de la phase préliminaire par la Cour constitutionnelle, ils ont entamé la campagne pour le tour ultime, chacun dans le style qui lui est propre.(...)Pour l'auteur de l'article, "En arrivant en tête, Amadou Toumani Touré, ATT, comme l'appellent familièrement ses concitoyens (et beaucoup d'autres), a démontré à ceux qui en doutaient encore que les Maliens ne l'avaient pas oublié, malgré une éclipse de dix ans. Investi par le parti au pouvoir, ancien ministre, son principal challenger, Cissé, a relégué à la troisième place l'ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keita (IBK), qui semble avoir fait les frais de ses accointances récentes avec les associations islamistes. La troïka ATT-CisséIBK distance nettement Tiébilé Dramé, le leader du Parti pour la renaissance nationale (Parena), qui a terminé la course en quatrièmeposition avec moins de 4 % des suffrages exprimés, lui-même talonné par le gros de la troupe... L'annonce tardive des résultats officiels du premier tour n'aura pas permis aux deux finalistes de disposer du temps nécessaire pour sillonner de nouveau le Mali.Si l'on exclut ainsi quelques rapides allers et retours dans les villes de l'intérieur et un voyage express à Abidjan et à Libreville, ATT n'a pas vraiment battu campagne au second tour. En avait-il besoin ? L'ancien officier parachutiste a profité des dix dernières années et de son temps libre pour procéder à ce qui ressemble, après coup, à un véritable maillage de son pays. À la tête de sa Fondation pour l'enfance, une ONG créée après son départ du pouvoir, le 8 juin 1992, et par le truchement d'une kyrielle d'associations qui portent son nom ou ses initiales, il a parcouru à plusieurs reprises le pays et l'arrière-pays, visité les villages et les oasis les plus reculés. (...)En face de lui, Soumaïla Cissé, certes plus timide et moins à l'aise en public, a sorti le grand jeu. II a parcouru le pays -on l'a dit -en hélicoptère, distribuant à tire-larigot des tee-shirts et des pagnes à son effigie, mais aussi des céréales, des mobylettes, des vélos et même, affirment ses détracteurs, des billets de banque. (...)une telle débauche d'argent a visiblement choqué certains, y compris dans les rangs de l'Adéma. « Les réserves actuelles du président Alpha Oumar Konaré vis-à-vis de Soumaïla Cissé s'expliquent essentiellement par ce type de comportement », souligne un ministre qui requiert l'anonymat.Konaré, qui achève le 8 juin prochain son second et dernier quinquennat, a soigneusement évité de faire campagne pour sonancien ministre (et camarade de parti), pourtant officiellement investi par l' Adéma. ..La nette détérioration de ses relatIons avec le chef de l' Etat sortant n'a nullement empêché Cissé, ex-secrétaire général de la présidence de la République (1992), d'assumer tout au long de la campagne électorale son bilan personnel (...) ainsi que les résultats obtenus, ces dernières années, à la tête du ministère des finances.(...) « En dix ans de responsabilités politiques et publiques assumées au plus haut niveau des instances de l'État, Soumaïla Cissé s'est bâti une réputation de visionnaire crédible, compétent, rigoureux, bref d'homme d'État », peut-on lire sur le site Internet officiel de l'intéressé.(...) Reconverti en volontaire du développement, ATT a joué un rôle déterminant dans l'éradication du ver de Guinée, une grave maladie parasitaire tropicale. À la veille du scrutin, il connaissait donc pratiquement tous les responsables administratifs au plan local, mais aussi tout ce que le « pays profond »L'article estime qu', "En dépit de quelques couacs, à mettre sur le compte des ressources financières limitées du Mali et de l'étendue de son territoire, la présidentielle de 2002 a été nettement de meilleure facture que celle de 1997, émaillée de nombreuses irrégularités, annulée, recommencée, et finalement boycottée par les principaux adversaires de Konaré. (...) Cette année, ils étaient -on le sait -vingt-quatre en compétition dans un scrutin plus ouvert, pour lequel 1 'État, instruit par les dérapages du passé, avait prévu trois verrous de sécurité: une Commission électorale nationale indépendante, chargée de veiller à la régularité et à la transparence du scrutin, une Délégation générale aux élections, dirigée par un officier supérieur de l'armée, chargée notamment du fichier électoral, et le ministère de l'Administration territoriale et des Collectivités territoriales.(...)
FRANCIS KPATINDÉ, envoyé spécial
jeudi 14 juin 2007
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