mardi 24 août 2010

Soumaila Cissé, président d’honneur de l’Urd : « L’Urd est plus forte que jamais…….elle s’élargit, s’épanouit et avance fièrement ! » « Nous préparons activement l’UEMOA de demain ».

Soumaila Cissé, président d’honneur de l’Urd : « L’Urd est plus forte que jamais…….elle s’élargit, s’épanouit et avance fièrement ! » « Nous préparons activement l’UEMOA de demain ».
Soumaila Cissé, président d’honneur de l’Urd : « L’Urd est plus forte que jamais…….elle s’élargit, s’épanouit et avance fièrement ! » « Nous préparons activement l’UEMOA de demain ».
L'indicateur Renouveau, 24/08/2010

Le Président de la commission de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et Président d’honneur de l’Union pour la République et la démocratie (URD), monsieur Soumaïla Cissé était récemment en séjour à Bamako. Il a bien voulu se confier à votre journal. Dans le présent entretien, Soumaïla Cissé nous parle du nouveau cadre harmonisé des finances publiques, des perspectives au niveau de l’UEMOA, de son parti l’URD et de ses rapports avec le ministre Oumar Ibrahim Touré. Nous vous proposons l’entretien.
L’Indicateur du Renouveau : Monsieur le Président, vous étiez au Mali dans le cadre d’une campagne de communication et de sensibilisation sur les directives du nouveau cadre harmonisé des finances publiques. Pouvez-vous expliquez à nos lecteurs ce que c’est ?

Soumaïla Cissé : Merci tout d’abord de l’opportunité que vous m’offrez pour expliquer dans les colonnes de votre journal les actions de la Commission de l’UEMOA qui est, je le précise, l’Exécutif de l’Union.

Cela dit, c’est une réunion prévue dans les tous Etats membres. De quoi s’agit-il ? Le Conseil des Ministres de l’UEMOA a adopté en 2009, les six (6) Directives du cadre harmonisé des finances publiques. Ces directives instaurent de nouvelles règles d’élaboration, d’exécution et de suivi du budget de l’État avec pour objectif d’améliorer l’efficacité de la dépense et, à travers elle, les politiques publiques de développement. L’accent est mis sur la gestion orientée vers la réalisation de résultats concrets qui sont attendus de la mobilisation et de l’utilisation des moyens financiers.

Les nouvelles Directives prennent également en compte les normes et les bonnes pratiques internationales en matière de gestion des finances publiques et assurent la cohérence avec les objectifs du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité, en vigueur au sein de l’Union.

C’est donc dans ce cadre qu’il faut comprendre la campagne de communication et de sensibilisation, engagée par la Commission, dans tous le Etats de l’Union : cette campagne vise notamment à expliquer et à sensibiliser les membres du Gouvernement, les présidents des institutions constitutionnelles, les structures de contrôle, les techniciens en gestion des finances publique, les organisations de la société civile, la presse nationale et les partenaires techniques et financiers sur les principales innovations introduites dans les nouvelles Directives.

L’Indicateur du Renouveau : Quelle peut être la pertinence d’un tel instrument pour les pays de l’UEMOA et en particulier notre pays le Mali ?

S.C : Le nouveau cadre harmonisé facilite l’exercice de la surveillance multilatérale des politiques budgétaires des Etats membres, grâce à des systèmes qui simplifient la comparaison et l’analyse de leurs données financières.

Les nouvelles Directives prennent en compte les normes et les bonnes pratiques internationales en matière de gestion rigoureuse et transparente des finances publiques et assurent la cohérence avec les objectifs du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité.

Pour le Mali, comme pour les autres Etats membres, le cadre harmonisé des finances publiques constitue donc un instrument moderne permettant une gestion rigoureuse et transparente des finances publiques. Il définit un nouveau mode de gestion publique orientée vers les résultats et la transparence de l’information financière. C’est un outil performant qui met chacun de nos Etats membres au diapason de la gestion financière internationale.

L’Indicateur du Renouveau : Lors d’un récent atelier organisé par la commission de l’UEMOA à l’hôtel Salam de Bamako sur l’I.F.R.S, certains membres de l’ordre national des experts comptables et comptables agréés du Mali s’étaient révoltés contre les thématiques choisies. Des thématiques qu’ils ont jugées inappropriées pour les pays en voie de développement comme le Mali. Quelle est votre opinion là-dessus ?

S.C : Il faut préciser les choses et les mettre dans leur contexte. La formation sur les normes comptables internationales entreprise dans les Etats de l’UEMOA par la Commission vise à renforcer les capacités de l’ensemble des corps des professionnels comptables.

La plupart des grandes entreprises africaines sont des filiales de groupes internationaux qui pratiquent les IFRS (International Financial Reporting Standards). De ce fait, ces entreprises bien que présentant leurs états financiers en suivant les prescriptions du SYSCOA, confectionnent de façon extra comptable des liasses comptables en normes IFRS pour les besoins de toutes les entreprises quel que soit leur niveau. La pratique des normes comptables internationales s’installe donc de plus en plus dans notre espace communautaire, et il est bon que nous en tenions compte dans le renforcement des capacités des comptables de notre zone économique. C’est l’une des raisons qui a poussé la Commission de l’UEMOA à entrevoir une formation de qualité pour ces Professionnels Comptables.

Au-delà de la formation sur les normes comptables internationales, il convient de préciser que les années à venir vont connaître une accélération des changements normatifs, dans le monde entier. Dans plusieurs pays du monde, la question de la convergence vers les normes comptables internationales est d’actualité. Dans cette optique, une relecture du SYSCOA s’avère nécessaire pour l’adapter aux IFRS. La réflexion doit être approfondie par des experts formés aux normes comptables internationales.

S’agissant de l’incident auquel vous faites allusion tout est rentré dans l’ordre, le quiproquo a été réglé et on passe à une autre étape. Je tiens à rappeler que le même exercice est prévu dans tous les pays de l’UEMOA.

Vous voyez bien qu’il n’y pas matière à spéculer sur un épisode aujourd’hui clos.

L’Indicateur du Renouveau : Quels sont les différents défis économiques qui se posent aujourd’hui aux pays de l’UEMOA ?

S.C : Au-delà de la transparence dans la gestion des finances publiques et de l’efficacité de la dépense recherchées à travers les réformes engagées, l’un des défis majeurs qui se pose aux Etats membres de l’UEMOA reste le renforcement de la croissance économique. C’est cette croissance qui permettra de générer des ressources financières pour assurer l’équilibre des budgets et assurer la couverture des dépenses publiques dans nos Etats.

Nos défis pour résumer, en plus de la bonne tenue du marché commun, sont essentiellement l’effectivité de la libre circulation des personnes, des biens et des services, le droit d’établissement … Le meilleur critère d ‘un espace intégré c’est quand le voyageur, la commerçante, le tailleur et tout autre citoyen, puisse se mouvoir et s’installer librement au sein du dit espace. Sans cela il n’y a pas d’intégration : l’UEMOA est un même espace pour ses citoyens. Je vous donne l’exemple dont je suis fier celui du traitement égalitaire des étudiants de l’enseignement supérieur : chaque fils ou fille de l’UEMOA doit payer les mêmes frais de scolarité que les nationaux sur l’ensemble de l’Union. C’est cela l’avenir, c’est cela démocratiser le savoir et la recherche. Sur le même plan la mobilité des enseignants et des chercheurs, c’est notre combat pour que notre espace soir ouvert et compétitif.

La bonne gestion est aussi une nécessité ; elle passe par la bonne gouvernance économique et sur ce point, nos Etats travaillent à cela.

La globalisation des échanges nous contraint à toujours plus de performances, à travers rigueur, compétitivité, transparence, suivi et évaluation, entre autres. La clé de tout cela c’est le travail : il faut privilégier aujourd’hui, en ces temps de mondialisation irréversible, la fourmi à la cigale.

L’avenir appartient aux peuples qui travaillent, aux nations qui investissent dans les secteurs porteurs comme les ressources humaines. Nous travaillons à tout cela au sein de l’Union, sans tambour mais avec constance, efficacité et efficience …

L’Indicateur du Renouveau : Et les perspectives ?

S.C : En matière de perspectives sur les finances publiques, c’est le volet des finances locales des Collectivités territoriales qui sera bientôt harmonisé en prenant en compte également les bonnes pratiques internationales en matière de gestion rigoureuse et transparente.

S’agissant de la comptabilité du secteur privé, le Système comptable Ouest Africain (SYSCOA) sera révisé pour le porter aux normes internationales, notamment des IFRS.

Pour parler des perspectives globales, nous préparons activement l’UEMOA de demain.

L’UEMOA de demain, c’est l’aboutissement des chantiers en cours, avec des infrastructures routières renforcées, la circulation sans entraves, de tous, et en particulier des opérateurs économiques, sur les axes routiers de l’Union, l’usage effectif du droit d’établissement par les acteurs des professions libérales.

L’UEMOA de demain, ce sont aussi des industries répondant aux standards internationaux de qualité, une agriculture et un élevage plus productifs, avec des équipements modernes, un secteur touristique plus attractif, des Universités ouvertes à l’ensemble de nos étudiants sans aucune forme de discrimination.

L’UEMOA de demain travaille pour rendre nos populations plus heureuses, avec un accès plus facile à l’eau potable et à des produits alimentaires plus diversifiés.

Bref, l’UEMOA de demain c’est un espace harmonisé, pacifique et où il fait bon vivre.

L’Indicateur du Renouveau : Vous êtes le président d’honneur de l’URD. Comment se porte cette famille politique aujourd’hui ?

S.C : Vous avez utilisé le bon terme, l’URD est vraiment « une famille » avec tout ce que cela peut avoir de positif vu sous l’angle de nos valeurs culturelles positives. L’Urd est plus forte que jamais, en témoigne la tenue régulière des assises statutaires et surtout l’engouement de plus en plus grand qui suscite des adhésions importantes ce, de façon régulière. La famille s’élargit, s’épanouit et avance fièrement !

L’Indicateur du Renouveau : Des rumeurs faisant état de divergence de vue entre votre frère cadet et ministre, Oumar Ibrahim Touré et vous, sont courantes. Qu’en est-il exactement ?

S.C : Cette question mérite deux éclaircissements. D’abord, au niveau du Parti, la rencontre de Mopti et les déclarations du Vice-président Oumar TOURE règlent la question, si l’on peut parler ainsi. Oumar TOURE a rappelé son attachement à l’URD en des termes clairs et sans équivoque. …. Ça, c’est quand même clair. Monsieur le journaliste ?

S’agissant de nos relations, il n’y a aucun problème personnel entre le Ministre Oumar TOURE et moi. Pour moi, la vie politique a ses règles, la vie privée a les siennes, et sur ce plan je vous rassure que je ne fais pas d’amalgame, c’est un de mes principes et mes principes je les respecte scrupuleusement. Rassurez vos lecteurs tout va bien….

L’Indicateur du Renouveau : Deux ans seulement nous séparent de la présidentielle de 2012. Comment cette échéance est entrain d’être préparée à l’URD ?

S.C : L’URD va à son rythme et dans la sérénité : faisant chaque chose en son temps. Nous sommes en 2010, toutes les échéances électorales de 2012 sont dans l’agenda du parti qui statuera au cas par cas en toute transparence !

Vous semblez hésiter... ? S’agissant de ma personne, je dis que je suis à pied d’œuvre au service du pays et de la sous-région, donc je suis totalement absorbé par cette exaltante mission qui demande beaucoup de concentration et beaucoup de temps. Alors pour le reste, on avisera le moment venu, inch Allah… (rires) !

L’Indicateur du Renouveau : Hormis le soutien de votre parti à l’action gouvernementale, comment sont vos relations personnelles avec le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré ?

S.C : Avec le Président ATT, j’ai d’abord des relations professionnelles sereines, il faut préciser qu’il il est le Président en exercice de notre Union. Ensuite, nous avons des relations personnelles excellentes. Des relations anciennes et au-dessus de toute considération, voyez ce que je veux dire ? Rassurez-vous, tout va très bien entre le Président de la République du Mali et moi (rires)… !

L’Indicateur du Renouveau : Votre dernier mot, monsieur le Président ?

S.C : Je voudrais vous remercier pour votre sollicitation et saluer vos lecteurs.

Je souhaite aux citoyens de l’Union beaucoup de paix, de sécurité et surtout un hivernage paisible. Je pense aux victimes des inondations à qui j’exprime ma compassion et ma solidarité. Je précise que la Commission a octroyé une aide aux trois pays les plus touchés : le Niger, le Burkina et le Mali.

Enfin, en ce début du mois de Ramadan, je forme des vœux de bonheur et de prospérité pour le Mali, l’ensemble des citoyens de l’Union et toute la Ummah islamique.

Merci encore de votre intérêt pour l’UEMOA et ses activités !

Entretien réalisé par Abdoulaye Diakité

mercredi 18 août 2010

Le Chef de l'Etat reçoit le président de la Commission de l'UEMOA

Le Président du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie, Chef de l'Etat, le Général de Corps d'Armée Djibo Salou, a reçu, hier, le président de la Commission de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), M. Soumaïla Cissé.
Au sortir de cette audience, qui s'est déroulée en présence notamment de notre ministre de l'Economie et des Finances, M. Maman Malam Annou, le président Soumaïla Cissé a affirmé avoir d'abord «discuté de la situation politique au Niger et je me suis vraiment félicité des avancées obtenues par le régime de la Transition. Les élections vont se tenir dans les délais prévus... La communauté internationale s'en félicite et je crois que c'est un très bon point qu'il faut souligner. Il faut féliciter le Président du CSRD, le gouvernement et toutes les autorités qui sont chargées de ce travail. C'est très bon pour le Niger et c'est très bon pour notre Union aussi qui asseoit sa crédibilité et qui montre qu'elle tient à ses valeurs».

Le président de la Commission de l'UEMOA a déclaré qu'il est à Niamey pour «marquer la solidarité de l'UEMOA face aux difficultés qu'il y a en ce moment au Niger relativement aux inondations des rives du fleuve Niger. A ce titre, la Commission a décidé d'octroyer une subvention de trois cents millions (300.000.000) de francs CFA au gouvernement pour aider les populations qui sont dans la détresse».

Le Président du CSRD et le président de la Commission de l'UEMOA ont enfin discuté de la situation liée à l'importation des huiles végétales, aux difficultés entre le Bénin et le Niger. "Nous sommes convenus de tout faire pour trouver une solution qui puisse satisfaire les deux parties. Après Niamey, je me rendrais à Cotonou : nous avons des propositions de solutions et nous espérons que ces solutions seront acceptées des deux côtés», a conclu M. Soumaïla Cissé.

L’UEMOA annonce une subvention de 300 millions FCFA pour aider les victimes des inondations au Niger

L’UEMOA annonce une subvention de 300 millions FCFA pour aider les victimes des inondations au Niger
La Com­mis­sion de l’Union éco­no­mique et mo­né­taire ouest afri­caine (UEMOA, 8 pays) va dé­bour­ser 300 mil­lions FCFA pour aider le Niger à faire face aux inon­da­tions qui ont frap­pé ces der­nières se­maines prés de 65.​000 per­sonnes dans les dif­fé­rentes ré­gions, a an­non­cé lundi à Nia­mey, son pré­sident, le Ma­lien Sou­mai­la Cissé.
« Je suis venu à Nia­mey pour mar­quer notre so­li­da­ri­té, la so­li­da­ri­té de l’UEMOA face aux dif­fi­cul­tés du mo­ment, no­tam­ment les inon­da­tions en­gen­drées par de fortes pluies au Niger » a in­di­qué à la presse, M.​Cissé, au sor­tir d’une au­dience avec le Chef de l’Etat ni­gé­rien. Il a in­di­qué que la Com­mis­sion de l’ins­ti­tu­tion mo­né­taire a dé­ci­dé d’oc­troyer une sub­ven­tion de 300 mil­lions FCFA au gou­ver­ne­ment ni­gé­rien pour aider les po­pu­la­tions si­nis­trées par les inon­da­tions.
Prés de 70.​000 per­sonnes sont si­nis­trées par les inon­da­tions à Nia­mey et dans les ré­gions de Zin­der (centre-​est), Ma­ra­di (sud-​est), Ta­houa et Tilla­bé­ri (ouest), Diffa (est) et à Aga­dez (nord), de­puis début août suite aux pluies.
D’im­por­tants dé­gâts ma­té­riels ont été en­re­gis­trés, selon la té­lé­vi­sion pu­blique ni­gé­rienne, qui pré­cise que deux per­sonnes sont mortes dans la chute du mur de leur mai­son à Tés­saoua, une ville si­tuée au sud-​est du Niger.

Niger: Salou Djibo reçoit le président de la Commission de l'UEMOA

Niger: Salou Djibo reçoit le président de la Commission de l'UEMOA
Le président du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) du Niger, le général de corps d'armée Salou Djibo a reçu lundi le président de la Commission de l'Union économique et monétaire ouest-africaine ( UEMOA), Soumaila Cissé.
Les deux hommes ont discuté de "la situation politique au Niger ", eu égard à l'évolution de la Transition politique. M. Cissé s'est félicité des avancées obtenues par le régime.

"Les élections vont se tenir dans les délais prévus, toutes les échéances sont programmées, la communauté internationale s'en félicite", a dit le président de la Commission de l'UEMOA. M. Cissé a également déclaré qu'il est "venu marquer sa solidarité, la solidarité de l'UEMOA face aux difficultés du moment, notamment les inondations engendrées par des fortes pluies de ces dernières semaines au Niger".
"La commission a décidé d'octroyer une subvention de 300 millions de FCFA au gouvernement nigérien pour aider les populations qui sont dans la détresse", a -t-il annoncé.
Le président de la Commission de l'UEMOA a par ailleurs indiqué avoir discuté de l'affaire dite "de l'huile végétale" qui opposait le Niger et le Bénin.

"L'UEMOA va s'employer dans le plus bref délai pour trouver une solution qui peut satisfaire les deux parties", a promis le président de cette institution ouest-africaine, qui se rendra par la suite à Cotonou (Benin), en vue de proposer des solutions aux autorités béninoises. "J'espère que ces solutions seront acceptées des deux cotés", a souhaité M. Cissé.

mardi 17 août 2010

INTERVIEW NEW AFRICAN

Soumaïla Cissé, président de l’Uemoa :

Appliquons la bonne gouvernance chez nous

Avec un budget annuel de 155 milliards de F.CFA et 350 employés, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa)* œuvre à l’intégration régionale,
en tentant de réussir son mode de gouvernance. Le Malien Soumaïla Cissé, Président de cette institution, met à profit son expérience d’ancien ministre des Finances, pour
permettre à cet ensemble de penser global et de réagir local.
Propos recueillis par Hichem Ben Yaïche

Quelques mois après la conférence annuelle des chefs d’État, où en êtes-vous de l’application des décisions prises lors de cette rencontre ?
La conférence annuelle des chefs d’État est une rencontre périodique qui sert à réorienter notre action. Celle-ci a coïncidé avec certaines difficultés qui se sont manifestées dans la zone. D’abord celles liées à la gouvernance politique, en particulier au Niger et en Côte d’Ivoire. Les chefs d’État ont ainsi pu s’informer et dire ce qu’ils pensaient de la situation dans ces deux pays afin de tenter de trouver des solutions de sortie de crise. On peut se féliciter, aujourd'hui, que les initiatives soient restées d’ordre interne à notre Union. Et c'est cela le plus important. Au-delà de ces sujets, les responsables politiques se sont penchés sur la crise financière internationale et ses effets, sur la crise alimentaire de 2008 et ses conséquences. Aujourd'hui, on parle bien de famine au Niger. Ce qui veut dire que la situation n’est toujours pas réglée. Dans ces conditions, il nous faut prendre le taureau par les cornes !

Quels sont, concrètement, vos moyens pour faire face aux situations de crise ?
Notre démarche se décompose en deux phases. La phase d’urgence : quand on a une crise alimentaire, on ne peut tirer des plans sur la comète. Il faut agir tout de suite. Quand il y a des inondations – ce qui s’est passé ces derniers temps – il faut passer à l’acte. Idem pour la crise énergétique, etc. Notre Union a quelques ressources qui ne sont pas suffisantes, mais qui nous permettent de faire face très rapidement aux situations. Par exemple, pour les inondations, nous avons pu donner, pour chaque pays, quelque 250 millions de F.CFA. Face à la crise alimentaire, l’Union a dégagé 40 milliards de F.CFA, avec la possibilité d’aller jusqu'à 100 milliards de F.CFA en complétant par des prêts auprès de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), et d’autres partenaires. Voilà une illustration de ce que nous faisons concrètement. C'est pourquoi nous envisageons, à court terme, de créer un Centre d’urgence dédié aux calamités naturelles.

L’autre phase, c'est l‘investissement. C'est ainsi que dans le domaine de l’agriculture, par exemple, nous sommes en train de voir comment investir, dans chaque pays, 1 000 ou 1 200 hectares, pour avoir une politique cohérente dans ce domaine – améliorer et augmenter la production notamment. Par conséquent, notre action intègre autant le très court terme que le moyen terme à travers des plans et des programmes…

Comment les orientations prioritaires sont-elles fixées ?
Nous fixons les priorités avec les États dans tous les secteurs : industrie, agriculture, énergie, etc. Pour être plus clair : à partir d’études que nous menons, nous réunissons tous les partenaires autour d’ateliers pour nous mettre d’accord sur les priorités du moment. Ce que nous avons le mieux réussi, de ce point de vue, c'est la mise en place d’un programme économique régional qui s’étale sur cinq ans, dans lequel une part importante est consacrée aux infrastructures : routes, chemins de fer, énergie, télécoms. Mais on y valorise aussi les ressources naturelles (agriculture, environnement, etc.). À l’évidence, les ressources humaines, l’éducation, la santé…, en font partie. Dans tout cela, la bonne gouvernance s’inscrit en filigrane. Ces moments nous permettent de nous mettre d’accord sur ce qui nous paraît essentiel pour la région, et qui fédère tous les États. Ce travail a fait l’objet, en 2006, d’une table ronde, à Dakar, et le programme a été évalué à quelque 4 000 milliards de F.CFA, sur cinq ans. Sur 63 projets, 44 ont effectivement démarré. Pour les autres, le financement est encore insuffisant, ou bien, il s’agit de préciser tel ou tel aspect. Tous les ans, on réactualise ce programme, en essayant de l’adapter aux réalités du moment.

Comment se fait l’articulation entre les politiques intérieures des États et votre organisation ?
Le grand principe reste la subsidiarité : nous ne faisons pas ce que les États sont en mesure de bien faire et vice-versa. À cet égard, délimiter les frontières, c’est toujours délicat. Mais nos actions se font forcément à l’intérieur des États. Nous essayons de faire en sorte que les priorités que nous définissons pour la région soient acceptées par tous les pays. Par exemple, si l’investissement choisi doit se faire dans un État A, tous les autres l’acceptent. Ce genre d’action est important et procurera, à n’en pas douter, un bien-être pour l’ensemble de l’Union. Il y a des arbitrages permanents. C'est de cette manière que nous travaillons. Nous avons un Conseil des ministres statutaire qui, tous les trois mois, se penche sur nos orientations et nos priorités. Et, une fois par an, nous organisons une conférence des chefs d’État pour évaluer notre travail. Ceci dit, nous, en tant que Commission, nous faisons des allers et retours réguliers pour réajuster les choses, pour être sûr que cela se passe bien. Et je vous assure : ça se passe bien !

Comment sont traités les sujets qui fâchent ? Et comment parvenez-vous à les dépasser ? Comme, par exemple, le sujet de la gouvernance…
À propos du Niger, les chefs d’État ont condamné clairement le coup d’État et ont demandé un retour à la vie constitutionnelle. À ce propos, ils ont déploré les pertes en vies humaines, tout en disant : « Allez-y, allez-y… mais, il faut régler ces problèmes le plus rapidement possible. »

La gouvernance, c'est aussi la démocratie, la transparence…
À propos de transparence, en matière de finances publiques par exemple, il y a des directives qui sont appliquées par tout le monde. À cet égard, nous avons une sorte de « revue des pairs » pour faire le point, chaque année, sur les réformes qui sont menées et celles qui ne le sont pas ; les pays qui respectent le pacte de stabilité et ceux qui ne le respectent pas, etc. Le programme de chaque État est jugé, sur les trois années, par la Commission. Laquelle donne son aval ou non, en disant : « Le programme n’est pas bon, reprenez-le… » Et, les États le reprennent. Au niveau des Présidents, nous faisons un diagnostic détaillé, pays par pays, sur les actions à mener. Par exemple, en ce moment, je suis en train de préparer un courrier – pays par pays et secteur par secteur – pour dire aux chefs d’État : « Dans tel ou tel secteur, vous êtes en retard. ». Par conséquent, ce contrôle et ce dialogue permanents permettent d’avancer. C’est ce travail qu’il faut poursuivre, car l’intégration est un processus. Cela ne se fera pas en un jour. Il faut des apprentissages. À cet égard, il y a des pays qui sont très en avance dans certains domaines, d’autres beaucoup moins. Je crois que l’émulation autour de la meilleure pratique entre les États permet vraiment de corriger tout cela. Chez nous, aucun sujet n’est occulté ou caché.

Comment gérez-vous cette organisation au quotidien ?
C'est une organisation complexe, cela ne fait guère de doute. Car nous abordons tous les aspects de la vie des États. J’ai un collège de commissaires représentant chaque pays. Mais ces commissaires, une fois intégrés dans notre structure, parlent au nom de tout le monde. Chacun gère un secteur. Moi, je m’occupe de la coordination et aussi de la relation avec les États. Cela exige beaucoup de voyages, de rencontres et de communication avec les décideurs. Et c'est ainsi qu'on y arrive. Cependant, le plus important est de bien orienter, de tenir compte des différentes phases de la vie de notre organisation et d’avoir surtout des résultats. Pendant ces derniers dix ans, nous nous sommes beaucoup plus occupés de politique, de finances publiques et de macroéco-
nomie. Ce qui compte, c’est notre agenda, mais pas celui des Européens, des Américains ou des Chinois. Nous devons faire en sorte que 70 à 80 % de nos échanges se fassent entre nos pays.

Aujourd'hui, nous sommes passés à la phase d’écoute des populations, en leur disant : « Quels sont vos besoins ? Vous avez besoin de forages ? Eh bien, on vous fait des forages. Vous avez besoin de routes ? Eh bien, on vous fait des routes, etc. » Voilà ce que nous faisons. C’est de cette façon que, petit à petit, on parvient à réorienter des priorités, à rendre efficientes nos actions ! Certes, ce n'est pas toujours facile, mais je crois que nous avons aujourd'hui une expérience, et surtout, un retour d’expérience. Aujourd'hui, notre région est jugée de façon positive par rapport aux autres régions d’Afrique. C'est ce qui nous encourage à continuer sur le bon chemin.

Quels sont vos moyens d’évaluation de l’intégration régionale ?
Nous disposons de plusieurs niveaux d’évaluation. Il y a une Cour des comptes pour procéder à l’évaluation économique et financière ; nous réalisons des audits externes et des rapports qui sont soumis à nos différentes instances : Conseils des ministres, chefs d’États, etc., pour voir si nous gérons au mieux. C'est bien d’inciter les acteurs à la bonne gouvernance, mais il faut, d’abord, l’appliquer chez soi.

Ces rapports ne restent donc pas dans les tiroirs…
Bien sûr que non ! On est interpellés. Ce sont des organisations absolument indépendantes. La Cour des comptes est une institution, comme la Commission de l’Uemoa, comme la Cour de justice ou la Chambre de conseil régionale. En plus, nous avons un système de validation technique et financier avec nos partenaires, comme, par exemple, dans le cadre du programme économique régional. Je viens de mettre en place un panel qui est en train de réfléchir sur l’avenir de l’Uemoa dans lequel il y a d’anciens Premiers ministres, etc. Que faire demain ? Vers quoi devons-nous nous orienter ? Quel doit être notre cœur de métier ?… Cette étude prospective est en cours. Cela va nous permettre d’avoir une visibilité, de projeter l’Uemoa sur les 20 ou 30 prochaines années : en matière de ressources humaines, de financement, de programmes prioritaires, de réflexion tant sociologique qu’humaine… Nous remettrons ce rapport à notre Conseil des ministres, et le transmettrons aux chefs d’État.

Une question taraude les Africains : celle de la pénétration chinoise sur le continent. Votre région est aussi concernée. Comment jugez-vous cette réalité ?
Je ne me pose pas cette question en ces termes. Les Européens sont en Afrique depuis 150 ans et, parfois, 300 ans. Personne ne s’en est inquiété ! Cela ne m’inquiète pas. L’important, c'est notre capacité de négociation : à nous de savoir ce que l'on veut ! Les Chinois ne viendront pas si l’on n’est pas d’accord… Aujourd'hui, les problèmes d’infrastructures sont réels. En tant qu’ancien ministre des Finances, j’ai discuté avec des bailleurs de fonds. Pendant longtemps, les infrastructures étaient considérées par nos partenaires traditionnels comme des choses inutiles. Je crois qu’aujourd'hui, tout le monde est convaincu qu’elles sont indispensables. En Afrique de l’Ouest, les Chinois sont beaucoup plus présents sur des chantiers d’infrastructure. Va-t-on s’en plaindre ? Certainement pas ! Je crois qu'au contraire, il faut s’en féliciter. Quels que soient nos partenaires, l’essentiel est de savoir où se situent nos priorités. Ce qui compte, c’est notre agenda, mais pas celui des Européens, des Américains ou des Chinois. Notre objectif est d’avoir, d’abord, notre marché intérieur. Nous devons faire en sorte que 70 à 80 % de nos échanges se fassent entre nos pays. Aujourd'hui, à l’intérieur de l’Uemoa, on doit être situé autour de 15 %. Cela reste très faible. Il faut étudier ce qui bloque, ce qui empêche d’aller loin. Peut-être l’offre de biens est-elle encore insuffisante ? Mais, à mon avis, ce qui est un facteur majeur, sur lequel nous devons travailler encore plus, c'est la libre circulation des hommes et des biens. Il faut que nous avancions sur ce terrain. Il faut aussi que la volonté politique s’y affirme encore davantage.

*L'Uemoa comprend huit pays membres : Bénin, Burkina Faso,Côte d'Ivoire, Guinée-Bissao, Mali, Niger, Sénégal, Togo.
New African Septembre -Octobre 2010

mercredi 11 août 2010

CLÔTURE DE LA CARAVANE DE L’INTEGRATION AFRICABLE

Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un réel plaisir de prendre la parole à l’occasion de la présente cérémonie de clôture de la caravane de l’intégration pour dire merci aux caravaniers et à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette belle aventure.

L’objectif de la Commission de l’UEMOA, en accordant son parrainage à cette initiative de la Chaîne de télévision Africable, était de fédérer toutes les énergies autour d’une stratégie qui se présente aujourd’hui comme la voie incontournable du développement de l’Afrique, à savoir l’intégration régionale.

Aujourd’hui, après quatre vingt dix (90) jours à travers monts et vallées, avenues, rues et pistes, villes et villages, vous les caravaniers, avez prouvé que notre sous-région Ouest africaine peut se développer comme un seul bloc, un seul espace. Vous venez de tracer un axe de l’intégration, qui va de Dakar à Abidjan, en passant par Banjul, Bissau, Conakry, Bamako, Ouagadougou, Niamey, Cotonou, Lomé, Accra ; un axe qui, désormais, constitue l’axe, que dis-je, la route de l’intégration Ouest africaine. Tels des explorateurs, vous avez sillonné les savanes, traversé les forêts, franchi des fleuves et rivières, pour ériger cette route.

Par la magie de l’image et du son, vous avez révélé au monde entier, l’essence de la société ouest africaine, solidaire et homogène par nature et par la culture. Africable a ainsi contribué au rapprochement de plus de quatre vingt dix millions (90 000 0000) de personnes en leur permettant de se redécouvrir.

Recevez donc, Mesdames et Messieurs les caravaniers, mes vives et sincères félicitations ainsi que celles de l’ensemble des organes et institutions de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.

Je voudrais également féliciter la chaîne de télévision AFRICABLE qui, en cette année du Cinquantenaire, a choisi de montrer au monde, par la magie de l’image et du son, que l’Afrique est solidaire, dans toute sa diversité.
Nous tenons à féliciter ici, très solennellement le Président Ismaïla Sidibé pour sa vision et son leadership !

J’exprime également mes remerciements et félicitations aux autorités et aux populations des pays traversés pour leur accueil et leur hospitalité : c’est la preuve de leur attachement aux valeurs d’honneur et de dignité, de solidarité et de partage !

C'est cette foi en l'intégration que nous devons répandre partout afin d'assurer un meilleur avenir aux futures générations.

Chers amis de la jeunesse africaine ;

« Chaque génération a une mission à remplir… », vous êtes en train de remplir et d’assumer pleinement la vôtre : je vous en félicite vivement !

Votre mission est proportionnelle à votre place et à votre force au sein de la société, non seulement parce que vous êtes les dirigeants de demain, mais surtout parce que vous êtes les moteurs du progrès.

A-t-on estimé véritablement le rôle des jeunes dans l’avènement et le renforcement de la démocratie ?

C’est vrai… qu’arbre qui tombe fait beaucoup de bruit…. mais que personne ne fait attention à la forêt qui pousse… !

Chers jeunes, l’avenir dépend donc de votre engagement aussi bien individuel que collectif.

Vous avez un rôle capital dans l’avenir du continent face aux nouveaux défis liés à la crise financière internationale, à la sécurité alimentaire et à la crise énergétique.

Pour réussir ce pari, les jeunes doivent être placés au centre de la nouvelle stratégie de solidarité mondiale car, la lutte contre la pauvreté engage aussi bien les pays riches que les pays pauvres.

C’est le sens de l’accompagnement de l’UEMOA aux côtés des jeunes afin de susciter l’espoir et surtout pour concrétiser l’espérance des populations notamment les plus vulnérables.

Comme beaucoup, je pense, je suis même convaincu, que l’Afrique est le prochain relais de croissance de l’économie mondiale.

Ce faisant, disons le tout net, l’Afrique doit compter sur elle-même, c’est-à dire sur la frange la plus dynamique de sa population : les jeunes.

Cela est possible, car nous vivons dans un monde où, grâce aux progrès technologiques, nous disposons de moyens de communication nouveaux et plus efficaces, avec des possibilités d'échanges inouïes.

Le monde est devenu, à juste titre, un village planétaire où la paysanne burkinabè vend son beurre de karité à l’industriel norvégien ; où la standardiste sénégalaise répond aux coups de fils d’une firme installée à new-York ou Hong-Kong…

Allez donc sur le marché du village global pour vendre, sans complexe, vos productions de qualité… !

Allez au rythme du monde sans vous renier : comme le baobab qui a ses racines largement enfoncées dans la terre avec des bourgeons flottant au vent du progrès.

Participez donc, participer activement au progrès du Continent afin de faire du monde un havre de paix, de justice et de progrès partagés !

Jeunes d’Afrique, nourrissez et semez l’espoir : soyez le catalyseur de la renaissance africaine par la vitalité de vos actions et la justesse de votre vision !

Faites surtout preuve d’un leadership volontariste et progressiste!

C’est sur cette invitation à l’action que je renouvelle mes félicitations aux initiateurs de cette caravane !

Vive l’Afrique qui, patiemment pousse et… progresse !

Vive sa jeunesse forte et éclairée !

Merci de votre aimable attention.