Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Excellences,
Honorables Invités ;
Mesdames, Messieurs,
C’est un très grand honneur pour moi de m’adresser à vous, en séance solennelle, à l’ouverture de cet important colloque.
Depuis mon arrivée à Dakar, cette belle capitale chargée de symboles, j’ai senti la chaleur de l’accueil, ainsi que la générosité de l’hospitalité bien sénégalaise, la légendaire « teranga ». Je voudrais donc vous dire merci, du fond du cœur.
Je voudrais également vous exprimer toute la fierté que j’éprouve en me retrouvant devant cette auguste Assemblée, dépositaire de notre mémoire collective sur le chemin de l’intégration.
Dakar a été fidèle à cet idéal unitaire en accueillant, le 10 janvier 1994, la naissance de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Qu’il me soit donc, permis de rendre un vibrant hommage au peuple sénégalais, au Président de la République, Son Excellence Maître Abdoulaye WADE, dont la noble vision rime avec ouverture et fidélité pour les causes de l’intégration, traduisant ainsi la foi inébranlable du Sénégal en l’unité du Continent.
Qu’il me soit également permis de vous adresser, Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, mes plus chaleureuses félicitations pour cette excellente initiative ainsi que mes sincères remerciements pour votre invitation à laquelle j’ai été très sensible.
Mes remerciements s’adressent aussi, à vous, Honorables Députés, pour votre présence massive et pour votre engagement constant en faveur des idéaux de l’Union. Je suis également redevable à vos représentants au sein du Comité Interparlementaire, le CIP de l’UEMOA, qui s’acquittent avec dévouement, foi et sagesse, de leur mission en faveur de l’Union, notre patrimoine commun.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Le développement de l’Afrique et de notre sous-région est au cœur de nos préoccupations. Nous aspirons tous, en effet, à la paix, à la sécurité, à la démocratie et au bien-être économique et social. Pour ce faire, des plans et programmes ont été élaborés, des financements importants ont été mobilisés. Force est de constater cependant, que notre sous-région souffre encore d’importants déficits. Ainsi, la malnutrition, la soif, la faim, la maladie, le faible niveau d’alphabétisation, le manque d’infrastructures, la persistance de conflits sociopolitiques…, restent encore le lot quotidien de nombreux de nos concitoyens. Nous nous mettrons certainement très vite d’accord sur « quoi faire » mais, il est plus important d’établir les règles et mécanismes du « comment faire » c’est-à-dire quel modèle de gouvernance ?
Il semble aujourd’hui convenu par de nombreux observateurs que la bonne gouvernance est le « maillon manquant » à la longue chaîne des facteurs indispensables au développement économique et social.La gouvernance économique et politique exige de la part des partis politiques et des décideurs, une vision et un esprit de prospective, car, comme on le dit : « Gouverner, c’est prévoir ». Les pouvoirs publics doivent être en mesure d’anticiper sur les problèmes, ce, à partir des données disponibles et des tendances observées. Ils doivent en conséquence, élaborer des politiques qui tiennent compte de l’évaluation des coûts et des changements prévisibles dans des domaines comme la démographie, l’économie, l’environnement…
Devant les crises multiples - alimentaire, énergétique, financière -, le grand défi pour les décideurs, en général, et, les députés, en particulier, est de faire front et de dégager un consensus sur les questions essentielles qui engagent l’avenir de nos pays… et… parmi ces questions essentielles, il y a la gouvernance. C’est à ce prix que l’héritage que nous léguerons à nos enfants sera fécond et constituera un investissement dans la prospérité.
La gouvernance requiert non pas la constitution d’épargne pour des générations futures, mais plutôt le renforcement des infrastructures de base et des secteurs économiques pour la création d’emplois et pour l’épanouissement des générations futures. Cette vision est aujourd’hui acquise au niveau de l’UEMOA.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
L’action de l’UEMOA en matière de bonne gouvernance s’est traduite par plusieurs acquis dans divers domaines. Il s’agit par exemple, du Pacte de convergence, de la surveillance multilatérale, du code de transparence dans la gestion de fiances publiques et la lutte contre le blanchiment des capitaux. La Directive portant Code de Transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l’UEMOA a réaffirmé les dispositions à prendre. Je citerais juste des domaines comme le financement des partis politiques et la répression de l’enrichissement illicite.
Au nombre des institutions créées pour asseoir la bonne gouvernance, il y a la Cour de Justice qui veille à l'interprétation uniforme du droit communautaire et à son application et juge, notamment, les manquements des Etats à leurs "obligations communautaires". Le secteur privé de l’Union, locomotive du développement de la sous-région, est regroupé au sein de la Chambre Consulaire régionale : la CCR. Il y a aussi, et surtout, le Comité Interparlementaire le CIP de l’UEMOA qui préfigure le Parlement de l’Union qui donnera une impulsion nouvelle au processus d'intégration de l'Union. Il favorisera la consolidation et l'approfondissement du processus d'intégration
Le Parlement de l'UEMOA, permettra surtout, une meilleure adhésion des populations aux enjeux du schéma d'intégration et un contrôle démocratique de la construction de l'Union.
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Au niveau de la sous-région, on doit se réjouir de l’existence du Réseau des Médiateurs UEMOA. L’UEMOA accorde aussi un intérêt particulier au processus participatif, notamment avec la société civile et le secteur privé. Nous développons en effet, une stratégie de concertation et de dialogue social. L’initiative pourrait se traduire bientôt par la création d’une structure tripartite permanente : « Gouvernement-Employeurs-Travailleurs ». Les Etats membres de l’UEMOA adhèrent aux principes du Mécanisme Africain d’Evaluation des Pairs, le MAEP qui a pour finalité d’encourager la bonne gouvernance.
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Toutes ces actions concourent à la concrétisation de la vision de l’UEMOA selon laquelle la mise en œuvre réussie des réformes nationales ou communautaires et le raffermissement de la volonté collective ne peuvent se faire qu’autour d’idéaux partagés, et, à travers l’information régulière des populations.
La commission de l’UEMOA a ainsi mis en place une stratégie de communication pour donner plus de visibilité à ces actions. A cet effet, elle a initié le Réseau des Journalistes Economiques de l’UEMOA et équipé des centres nationaux d’accès à internet. Elle organise un tournoi annuel de football dit de la Solidarité et… les détenteurs du trophée cette année, ce sont.. les .. Lions du Sénégal… Félicitations et bravo pour leur fair-play !
Monsieur le Président,
Honorables invités ;
L’UEMOA a fait considérablement évoluer la gouvernance au sein de ses Etats membres. D’un système centralisé et caractérisé par le cloisonnement, à la fois, géographique et sectoriel, la gouvernance a évolué vers un système de plus en plus intégré. Tout en respectant le cadre institutionnel de chaque pays, le principe de subsidiarité, les politiques sectorielles communes et les directives en matière de finances publiques et la gouvernance communautaire, nous conduisent vers un système de plus en plus intégré.
Nous pouvons, aujourd’hui, tous être fiers du travail déjà abattu pour traduire dans la réalité le rêve de 1994. Ce succès ne doit point cacher des points d’ombre qui ralentissent le rythme du processus. Le rêve de 1994 se heurte au fait que de nombreuses législations communautaires ne soient pas encore transcrites dans les législations nationales.
Comment ainsi expliquer qu’aujourd’hui, encore seuls 3 Etas sur les 8 permettent à nos enfants d’avoir accès à l’université sans aucune discrimination liée à leur nationalité d’origine ?
Je ne peux comprendre cette entorse à la législation communautaire qui, plus est, gêne la démocratisation du savoir au sein de notre Union, dont le fondement est la solidarité.
Je ne peux nullement comprendre ce refus qui restreint le savoir !
C’est pourquoi, je fonde beaucoup d’espoir sur l’implication pleine et effective des Parlements nationaux dans la mise en œuvre des directives édictées par les hautes autorités de l’Union. A cet effet, nous suivons toujours avec une attention particulière, les délibérations de nos Parlements appelés à examiner chaque année le projet de loi des finances de l’Etat et à contrôler son exécution.
Vous avez, Honorables Députés, un rôle majeur à jouer ! Votre position de trait d’union entre les institutions et les populations vous confère le sacerdoce d’œuvrer au quotidien à la levée des obstacles qui ralentissent la marche de l’Union, qu’il s’agisse tant de l’appropriation des réformes, par les différents acteurs de nos Etats, de la mise en œuvre de ces réformes, que du suivi du rythme d’absorption des ressources financières.
Monsieur le Président,
Honorables invités,
Je ne vais pas énumérer les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice correcte de votre mission. La bonne gouvernance parlementaire ne pourrait se réaliser que si le parlement transcende son rôle « classique » d’institution, de législation et de contrôle, pour se consacrer à celui d’ajustement des politiques publiques. La gouvernance parlementaire requiert un plan d’action clair, des structures organisationnelles souples et transparentes et des parlementaires qualifiés.
Le Parlement devra aussi pouvoir intervenir pour l’évaluation des grands projets et de leurs bienfaits sur les citoyens. L’examen du projet de loi de finances par les parlementaires est important dans la réalisation de l’équité et de l’égalité dans le paiement de l’impôt et la jouissance des richesses nationales. C’est également le lieu de veiller sur le respect de l’approche genre dans la redistribution du budget car, aucun développement n’est possible sans la participation de la Femme. Il reste évident que pour être réellement en mesure de définir les conditions de fonctionnement du pouvoir exécutif, le corps législatif doit être indépendant. Cette indépendance requiert toutefois, des moyens matériels et humains permettant de mener des recherches pointues sur les questions qui lui sont soumises afin de pouvoir voter les lois.
Dans un système politique démocratique, le bon fonctionnement du parlement dépend également de l’existence d’une véritable opposition qui participe à ce fonctionnement comme il sied. La démocratie dans nos pays est en construction, et, la réalité de nos budgets nous oblige à revoir nos prétentions à la baisse.
Toutefois, comme vous le savez, le Parlement est, par vocation, le lieu idéal où s’expriment les valeurs fondatrices de la res publica, la chose publique. C’est dire la place prépondérante que vous occupez pour renforcer la démocratie, promouvoir la liberté, préserver la paix, marcher résolument vers l’intégration régionale. Nous avons besoin du leadership du Parlement car, on ne peut rien faire de durable sans des institutions fortes.
Je rêve d’un Parlement dont tous les membres peuvent échanger à tout moment, partout où ils se trouvent à travers un e-parlement. Cela est du domaine du possible avec les opportunités qu’offrent les Technologies de l’Information et de la Communication : les TIC.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Mesdames, Messieurs les Députés ;
La bonne gouvernance est au cœur de votre noble mission au service des populations. Elle est aussi, comme vous le savez, le terreau qui alimente la démocratie, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, qui sont les valeurs fondatrices de notre Union. C’est vous qui ratifiez les traités de référence, tant de l’Union que de son Parlement ! Et sans vos actions quotidiennes, il est peu probable que la dynamique d’intégration devienne l’affaire de l’ensemble des citoyens et des communautés de l’UEMOA.
C’est pourquoi, nous devons, tous ensemble, conjuguer nos efforts, développer des synergies pour que le politique soit au service des nobles idéaux de l’union pour faire face à toutes ces urgences qui s’appellent : eau, énergie, éducation, emploi des jeunes, sécurité alimentaire, infrastructures de base, santé, sécurité, libre circulation, droit d’établissement, changement climatique…
C’est là, le véritable enjeu du processus d’intégration.
J’ai, pour ma part, la ferme conviction que nous continuerons à nous inscrire dans ce combat, le seul qui vaille, pour une union harmonieuse, forte, prospère et pacifique.
Je saisis enfin, Monsieur le Président, Honorables Députés, l’occasion de la nouvelle année pour vous souhaiter, à toutes et à tous, une excellente année 2010.
Dèwénati, et pleins succès à vos travaux.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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