samedi 21 juin 2014

Motion de censure : Honte à notre hémicycle ! - maliweb.net

Motion de censure : Honte à notre hémicycle ! - maliweb.net
Intervention de l’honorable Soumaila Cissé a l’assemblée nationale
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Notre Nation est meurtrie.
Notre République est affaiblie.
Notre pays est humilié.
Notre Etat dépérit progressivement.
Notre peuple se désespère chaque jour tant son quotidien est dur et insoutenable.

C’est pourquoi, nous avons, ce matin, Monsieur le Premier  Ministre, un devoir particulier.
Ce devoir s’impose à vous comme à nous : celui de faire de ce débat :
un moment de vitalité de notre démocratie ;

un moment d’écoute de l’opposition pour tirer d’elle les idées utiles pour la nation toute entière.
Non, les hommes et les femmes de l’opposition ne sont ni des apatrides ni des comploteurs.
Nous aimons notre cher pays le Mali.

Cet amour  de notre Maliba est aussi authentique, aussi profond et puissant que celui que vous revendiquez.

L’amour de notre Maliba est aussi sincère, aussi partagé et manifesté que celui que vous déclamez.
N’en doutez pas, n’en doutez jamais, ce serait nous insulter!

Chaque Malien, d’où qu’il soit et qui qu’il soit, chérit et défend sa patrie, avec la même énergie lorsqu’elle est menacée, avec la même conviction de son unité et la même vision de sa souveraineté lorsqu’elle forge son destin.
Nous sommes des patriotes fidèles aux valeurs de la République, loyaux envers ses institutions.
N’en doutez pas, n’en doutez jamais ; ce serait nous offenser!

Nous aimons notre pays,  c’est pourquoi nous animons une opposition républicaine et démocratique ici, à l’Assemblée Nationale, en travaillant chaque jour à  constituer une alternative crédible à la politique tant décriée que vous menez.

Monsieur le Premier Ministre, je suis persuadé  que vous ne considérez pas le débat sur cette 2ème motion de censure de notre ère démocratique avec légèreté et mépris.
Vous savez que c’est une occasion importante pour informer le peuple malien sur la situation préoccupante de notre pays.

Vous conviendrez avec moi que c’est de cela qu’il s’agit.

Aussi, croyez-moi, je ne viens pas à cette tribune le cœur léger.

J’y viens, habité par la tristesse née de l’humiliation subie par notre peuple et de l’affaiblissement de notre démocratie et de notre république.

Je ne viens pas vous dire que  » nous avions raison, que nous vous avions  prévenu ».
Non, je viens au nom de l’opposition vous dire de nous écouter, d’écouter les sanglots d’un peuple qui souffre, d’un peuple humilié, d’un peuple qui s’interroge sur son avenir.
N’ayez pas la certitude d’être toujours seul dans le vrai parce que vous risquez de nous entraîner tous dans l’abîme.
Il n’est pas pire poison mortel que l’indifférence.
Non, le sort du pays ne regarde pas que vous seul !

Non, la liberté et la souveraineté du pays ne sont pas entre vos seules mains.
À trop vouloir démentir tel acte ou telle parole, on risque de mentir.

Dites la vérité à notre peuple. Il en a déjà trop entendu.
Le débat, même contradictoire, au Parlement vaut mieux que la révolte fomentée dans la rue.
Etre de la majorité, ne fait pas de quelqu’un un saint, être de l’opposition ne fait pas non plus de quelqu’un une canaille…

Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,

Nous devons nous élever ensemble, au nom du peuple, contre les apprentis-sorciers qui ont enflammé le Nord de notre pays et, qui ont, non seulement créé les conditions d’abandon puis d’assassinats sauvages de nos compatriotes, mais aussi généré des combats meurtriers qui ont fauché lourdement notre jeunesse militaire et humilié notre armée.
Notre armée, dont nous savons tous qu’elle se reconstruit avec vaillance et conscience, devait-elle être envoyée dans la précipitation et l’imprécision «à la boucherie» ?
Monsieur le Premier Ministre,
Beaucoup trop de morts et de blessés sur la déjà trop funeste liste des victimes tombées pour la patrie.
Kidal n’est pas libérée.

L’administration a abandonné la région.
Les populations ne sont plus sécurisées.
Les trafics mafieux fleurissent.
Les groupes terroristes réunissent leurs forces.
Nous avons perdu l’initiative.
L’état d’insécurité est généralisé dans tout le pays comme l’atteste la dernière séance des questions d’actualité à l’Assemblée Nationale.
La réconciliation nationale et le retour définitif des réfugiés dans leurs terroirs, se font attendre.
L’école dans tous ses compartiments va de plus en plus mal.
L’université n’existe que de nom.
Notre jeunesse s’interroge sur son avenir : elle est en quête permanente d’emplois.
Les inégalités envers les femmes sont criardes.
La confiance de nos partenaires économiques et financiers s’étiole.
La dette intérieure reste très élevée.
L’investissement se fait rare.
Le panier de la ménagère est troué de toutes parts.
Les dépenses extrabudgétaires sont massives.
La mal- gouvernance est insolente.
La corruption gagne du terrain.
La gestion des finances publiques est calamiteuse.
Les inégalités sociales s’accentuent…….
Aujourd’hui,

Nos concitoyens sont choqués, abasourdis par tout ce qui leur arrive en si peu de temps ; eux qui avaient rêvé de lendemains meilleurs, qui avaient repris espoir, quand brusquement l’horizon s’est bouché et l’espoir a fondu au soleil de la mauvaise gestion, des scandales à répétition, des dépenses somptuaires, de l’insécurité et des incertitudes économiques et sociales.

Nos concitoyens sont orphelins, non d’avoir perdu père et mère, mais d’avoir perdu l’espoir comme le dit un proverbe malien.

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