Le diagnostic sans complaisance de Soumaila Cissé
Par - Date: 21 Novembre 2014 2 réactions
A la faveur de la conférence de presse de l’URD tenue au CICB le mercredi 19 novembre dernier, l’honorable Soumaila Cissé, député URD élu à Niafunké et non moins président du parti, est sorti de son silence en faisant un diagnostic sans complaisance des questions brûlantes de l’heure à savoir la mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat, les accords d’Alger, la gestion du dossier du virus Ebola…
Lors de cette conférence de presse, qui se tenait à quelques encablures du 3ème congrès de son parti, l’URD, l’honorable Soumaila Cissé a fustigé la mauvaise gouvernance. Surtout dans la gestion des fiances publiques. Pour lui, la situation chaotique que connait le Mali est dûe à la fuite en avant du président de la République qui feint de ne pas comprendre les vrais défis du Mali.
Selon lui, les Maliens assistent à une véritable fuite en avant du pouvoir marquée par le maquillage des maux qui minent le pays à savoir la gabegie, la concussion, la prévarication, les malversations financières, les scandales financiers. Cette situation déclare-t-il, est en passe de mettre à mal nos institutions et les gouvernants aux yeux de la communauté internationale.
Pour le conférencier, le hic qui fait paradoxe par rapport à l’affaire de l’aéronef et de la malversation autour du contrat du ministère de la Défense est le silence toujours pesant du président de la République sur ces affaires. Car depuis l’éclatement des scandales qui éclaboussent le pays, il n’a daigné faire une déclaration. Et Soumaila Cissé de rappeler certains scandales qui ont émaillé l’ère démocratique. A l’en croire, sous le régime d’Alpha Oumar Konaré, le ministre Samba Sidibé, militant actuellement au MIRIA, a été contraint de démissionner après avoir occupé son fauteuil à peine 30 jours. La cause, à en croire l’honorable Cissé, est qu’il aurait mal justifié la disparition de 10 millions FCFA. Sous ce même régime poursuit-il, un ministre trempé dans des affaires de visas a été contraint de jeter l’éponge. Sous le régime d’ATT, un ministre soupçonné de tremper dans les affaires de détournement d’argent du Fonds mondial a été contraint à la démission pour se justifier auprès des juridictions compétentes. Aussi, il a déploré le manque de sérieux dans la gestion des maigres ressources marquée par le fait que tout le monde est à l’aise dans ce contexte de bruits de casseroles . Pour « Soumi champion », il ne faut pas aller chercher des poux sur la tête des innocents, car ce sont les institutions financières internationales qui ont décelé ces malversations. Des institutions qui ne sont pas liées à des personnes, mais à des nations. Il a par la même occasion battu en brèche les rumeurs qui faisaient croire que c’est lui qui aurait écrit au FMI, pour qu’il suspende sa coopération avec le Mali.
Un diagnostic sans complaisance
Pour Soumaila Cissé, le Mali sur le plan administratif n’a pas connu de réelles mutations depuis son indépendance. Car selon lui, la seule reforme administrative qu’il y a eu est la création des régions de Tombouctou et de Kidal. Selon le conférencier, une partie de la déstabilisation du nord du pays est liée à la problématique de la décentralisation. D’où la notion de « zone développement des régions du nord » et de « régions intégrées ». Il s’agit de développer l’inter collectivité, avec un autre type de collectivité, sans violer les textes. Il n’a pas manqué de revenir sur la reforme administrative proposée par ATT qui prévoyait la création de 19 régions administratives.
Concernant l’économie, c’est là où le constat est encore plus amer a indiqué le conférencier. Selon, lui le secteur privé moteur du développement économique et de la justice sociale, n’a pas bénéficié d’initiatives de relance de la part des pouvoirs publics. En bon professeur d’économie, il a mathématiquement démontré l’impact occasionné par les dépenses extrabudgétaires qui s’élèvent à plus de 100 milliards de FCFA, objet de deux collectifs budgétaires, ce qui a entrainé la diminution voire même la suppression de certains budgets touchant les crédits d’investissement des ministères comme l’industrie, l’artisanat et le commerce. Soumaila Cissé a mentionné le déficit budgétaire qui s’élèverait à 140 milliards FCFA et l’absence d’aides budgétaires pour sa couverture.
Le chef de file de l’opposition estime que la relance du secteur privé de notre pays qui sort d’une crise qui a impacté négativement son économie est une urgence pour faire du Mali un pays émergent.
L’école n’a pas échappé au diagnostic de Soumaila Cissé qui estime que dans l’histoire du Mali, jamais des examens de DEF et de Baccalauréat n’avaient été aussi souillés par des fuites de sujets, comme ceux de 2014. Des facteurs qui mettent en péril le fragile équilibre d’un système éducatif déjà affaibli par le défaut de matériels didactiques, de bibliothèques dignes de ce nom , d’ouvrages conformes et en nombre suffisant , de matériels et d’équipements informatiques adéquats et par l’insuffisance d’enseignants.
Actualité oblige, Soumaïla Cissé s’est aussi prononcé sur les pourparlers d’Alger. Sur ce sujet, il a souhaité qu’avant la signature d’un accord global, que le pouvoir en place consulte l’ensemble de la classe politique et toutes les forces vives de la nation pour qu’une plateforme et une vision nationale se dégage pour le présent et l’avenir du Mali. Soumaila Cissé a décrié le fait que le président de la République ait commis l’imprudence de déléguer à un pays voisin le soin de « faire enrichir par l’expertise de ses techniciens » une prétendue feuille de route destinées aux négociations Inter- Maliennes. Et de rappeler que 95% des Maliens ne sont pas d’accord avec le contenu actuel des accords d’Alger
Par ailleurs, l’élu de Niafunké a estimé que la mobilisation actuelle du pouvoir contre la fièvre Ebola ressemble fort au médecin après la mort. Car selon lui, le Mali aurait pu prévenir la maladie depuis son apparition dans les pays voisins. Pour ce faire dit-il, la première mesure d’urgence que Bamako devait prendre c’était la fermeture des frontières avec la Guinée pendant au moins un mois.
Pour lui, cela ne remet nullement en cause la politique d’intégration du Mali. Et l’honorable Cissé de se demander si l’intérêt supérieur de la santé publique n’a pas été sacrifié sur l’autel des intérêts individuels. Face à l’épidémie selon le conférencier, il est impérieux de fermer la frontière avec la Guinée le temps d’équiper les structures sanitaires et le personnel soignant.
D’autres questions comme le Ravec, la réconciliation nationale, la sécurité, l’équipement et la préparation psychologique des forces armées ont été abordées.
Enfin Soumaila Cissé a tiré sur la sonnette d’alarme. Selon lui, « Notre Mali, comme le Titanic, fonce droit sur l’Iceberg de son naufrage prévisible, avec à sa tête un capitaine et un équipage gonflés d’orgueil soucieux de privilèges et d’honneurs , incapables de coordonner le pilotage du pays vers un cap d’espérances, appliqués à assouvir les requêtes de courtisans de première classe , sourds aux plaintes et prières de son peuple entassés misérablement… ».
Badou S. Koba Source: Tjikan
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