Congrès ordinaire de l’URD : Soumaïla Cissé dénonce la gestion d’un pouvoir qui vacille
Soumaïla Cissé, père – fondateur de l’URD, précédemment président de la Commission de l’UEMOA, élu député à l’Assemblée Nationale et chef de file de l’opposition malienne, a pris les rênes de la formation politique. C’était le samedi dernier à la faveur du Congrès ordinaire du parti de la Poignée de Mains au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah, en présence des cadres, militants et sympathisants venus de tous les horizons. Fait notable, le ralliement de Iba N’Diaye dans les rangs de la famille URD.
L’Union pour la République et la Démocratie (URD) est la principale force politique de l’opposition au Mali. Le parti a été envoyé au supplicier en raison de son attachement à la démocratie suite au coup d’Etat perpétré par des putschistes bon teint. Les bourreaux d’hier (auteurs de putsch) sont aujourd’hui devenus des prisonniers. Ils ont été jetés en prison par celui qu’ils ont soutenu et qui était sensé être leur sauveur. Et pourtant, c’est Soumi, de bonne foi et en patriote convaincu, qui a toujours apporté son soutien à l’armée pendant les périodes difficiles.
On se rappelle que Soumaïla a été persécuté même au sein de sa propre formation politique où des cadres ont battu campagne pour son adversaire. S’il a décidé de prendre lui-même, à bras le corps, les destinées du parti, cela procède de cette situation. A titre d’exemple, Younoussi ne s’est jamais intéressé au parti pendant les dernières consultations électorales. D’autres ont détourné l’argent du parti pour leurs campagnes législatives qu’ils ont finalement perdues dans une localité non loin de Bamako.
Dans sa déclaration, le nouveau président de l’URD n’est pas allé avec le dos de la cuillère : « Le Mali semble à l’agonie, asphyxié par l’inertie gouvernementale, la valse hésitation entre actions médiatiques ministérielles et réactions de survie, par absence de vision diplomatique et la chasse aux privilèges ». C’est pourquoi le nouveau président pense que « le Mali doit être réparé ». Réparé ? Oui en raison « des souffrances actuelles de notre peuple consécutive à une gestion hasardeuse, à la spirale de l’échec ».
« Il est temps de crier stop » a t-il indiqué avant de poursuivre : « L’alternative du chaos et de l’implosion existent ».
Preuve de son patriotisme, l’honorable a fait savoir que « l’URD a travaillé dur, très dur pour prendre toute sa place dans la vie quotidienne des Maliens afin qu’ils gardent espoir, qu’ils relèvent la tête, qu’ils croient à une vie meilleure ».
Soumaïla est formel : « Le Mali devait avancer à petits pas, il recule à pas de géants. Le Mali ne grandit pas, il recule vertigineusement ». Avant de fulminer et de dresser ce tableau sombre : « Kidal n’est pas libéré, l’administration a abandonné les régions du nord, les trafics mafieux fleurissent, les groupes armés réunissent leurs forces, l’insécurisé est généralisée, l’école en danger, les négociations d’Alger piétinent, la mauvaise gouvernance et la corruption sont au cœur de l’Etat, l’économie en mauvaise posture… ». A ceux-ci s’ajoute la gestion calamiteuse de la fièvre à virus EBOLA que les autorités elles – mêmes, à notre avis, ont importée de la Guinée voisine en demeurant laxiste, comme d’habitude, sur la prise des mesures conservatoires sanitaires.
Face à tous ces maux, le bateau Mali tangue. C’est pourquoi aussi le président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko a dit sur les antennes de l’ORTM devant IBK lui-même qu’ « il n’est pas satisfait des pourparlers et qu’il est resté sur sa faim ». Nonobstant les éclaircissements d’IBK, on sentait un Dicko dubitatif.
Pour terminer, Soumaïla entend s’appuyer sur la jeunesse et les femmes pour répartir sur de bon pied. Son expérience à l’UEMOA plaide en sa faveur.
Fait marquant de ce congrès, l’arrivée d’Iba N’Diaye, l’ancien sociétaire de l’ADEMA dans le parti de la Poignée de Mains. Homme politique habile rompu aux hautes compétitions politiques, Iba peut beaucoup aider l’enfant de Niafunké dans la reconquête d’un pouvoir qui vacille et cherche preneur.
Issiaka Sidibé

À la veille de son 3ème Congrès ordinaire prévu pour les 22 et 23 novembre 2014, le bureau exécutif de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) a donné sa position sur les questions d’intérêt national. Il s’agit, entre autres de l’état des négociations entre le gouvernement et les groupes armés du Nord, de l’acquisition de l’avion présidentiel, la dérive mafieuse de certains marchés d’Etat dont celui du ministère de la Défense, la politisation ostentatoire de l’administration et la gestion chaotique de l’épidémie Ebola.
C’était lors d’une conférence de presse animée mercredi 19 novembre 2014 au Cicb par le parrain du parti, l’honorable Soumaïla Cissé. Il avait à ses côtés l’honorable Mody N’Diaye, président du groupe parlementaire Vrd ; Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, 4ème vice-présidente du parti ; Mme Haïdara Oumou Touré, 2ème vice-présidente du bureau des femmes.
Longtemps critiqué pour son silence assourdissant face aux sujets d’intérêt national et aux déboires du régime d’IBK, le parrain de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) et non moins chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, vient de sortir de son mutisme. Face aux journalistes, il a non seulement accablé le gouvernement pour ses nombreuses dérives, mais a fait aussi des propositions pour le redressement du pays.
En effet, avec ses 2200 conseillers municipaux, 141 maires, 14 conseillers nationaux, 13 présidents de conseil de cercle, 1 président d’Assemblée régionale, 17 députés à l’Assemblée nationale, le parti de la poignée de main estime que les défis à relever sont multiples et complexes et ne peut plus supporter le mensonge, le maquillage médiatique et la fuite en avant. Selon l’honorable Soumaïla Cissé, les généreuses promesses d’hier ne sont nullement concrétisées aujourd’hui. À l’en croire, la corruption et la concussion se propagent ; le népotisme, le clientélisme et le favoritisme s’accélèrent ; la gabegie financière et le gaspillage des ressources prospèrent. «La spirale des perversions et malversations en tous genres et en tous lieux semble cyclonique», a-t-il déclaré.
S’exprimant sur l’épidémie Ebola, l’honorable Cissé s’est posé un certain nombre de questions, notamment sur le laxisme de nos autorités face aux risques potentiels d’introduction du virus par les personnes provenant des pays ravagés par le fléau et la prise tardive des mesures d’urgence pour contrôler les passages frontaliers routiers. C’est pourquoi, constatant que tous les cas avérés sont venus de la Guinée Conakry, l’Urd demande au président IBK de fermer, durant un mois, nos frontières avec ce pays, le temps d’équiper plus sérieusement et plus efficacement les personnels de santé se trouvant aux postes frontaliers et dans les différents centres de santé du pays.
Actualité oblige, la question de sécurité a été abordée par le député élu à Niafunké. Sur cette épineuse question, l’honorable Cissé a souligné que l’insécurité généralisée et grandissante est gravement observée dans tout le pays. Selon lui, elle affecte dangereusement la paix sociale et annihile tout effort de développement et d’épanouissement des entreprises. Fort de ce constat, l’Urd estime que la restructuration des forces armées et de sécurité s’impose et demande au président IBK l’adoption de la loi de programmation militaire toujours attendue.
Dénonçant aussi le silence assourdissant du président IBK et de son gouvernement face à la situation des 140 000 réfugiés maliens se trouvant dans les pays voisins, dont 53 969 en Mauritanie, 51 350 au Niger, 33 025 au Burkina Faso et 1500 en Algérie, l’Urd a fait savoir qu’il ne saurait avoir de véritable réconciliation nationale sans justice et qu’il ne saurait avoir de paix sans justice.
À propos des pourparlers d’Alger, le parti de la poignée de main considère que le document présenté par la médiation comporte des faiblesses et le rejette, soulignant que quatre points contenus dans ledit document sont inacceptables. Il s’agit des notions de «zone de développement des régions du Nord et de régions intégrées», de «représentation des communautés du Nord au niveau national» et de «répartition des pouvoirs entre l’Etat et les régions» et de «gestion de la sécurité après l’accord».
Aussi, déclare Soumaïla Cissé, la mauvaise gouvernance et la corruption au cœur de l’Etat préoccupent l’Urd, surtout après les scandales financiers découverts dans l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires. Compte tenu de la gravité des faits qualifiés de malversations par le FMI, faits inédits, selon l’honorable Cissé, ayant entraîné la suspension de la coopération avec les partenaires, l’Urd exige du président IBK de traduire devant la justice toutes les personnes impliquées et d’en tirer toutes les conséquences.
Indigné par le favoritisme et le clientélisme au cœur de la gestion des affaires publiques, le parrain de l’Urd estime que depuis l’élection du président IBK, «force est de constater que l’administration malienne subit un véritable choc lié à une politisation à outrance qui se traduit par le remplacement systématique des cadres les plus compétents par des militants Rpm au mépris du professionnalisme et de la compétence». Selon Soumaïla Cissé, les cadres de l’opposition sont systématiquement relevés de leur fonction en violation flagrante de la loi n°00-07 AN/RM du 13 juillet 2000 portant statut des partis politiques de l’opposition et des critères de rigueur, de compétence, d’expérience et d’honnêteté.
S’agissant de l’école malienne, le chef de file de l’opposition a déclaré que dans l’histoire du Mali contemporain, «jamais examens de Def et de Baccalauréat n’ont été souillés à cause des fuites de sujets cette année».
Enfin, décriant l’absence de leaders politiques (exception faite de lui et de l’honorable Oumar Mariko) à l’Assemblée nationale, le parrain de l’Urd propose un plan Marshall pour un investissement massif pour le développement des régions défavorisées.
Drissa Tiéné
Le debat