22 Septembre, 11/03/2010
C'est un Soumaïla Cissé très en verve et maîtrisant parfaitement son sujet - ce qui prouve à suffisance que le Président ATT ne s'est point trompé sur les qualités intrinsèques de ce haut cadre au parcours universitaire et professionnel élogieux, en le choisissant pour représenter notre pays à l'Uemoa- qui s'est prêté 90 minutes durant aux questions des journalistes venant des huit Etats membres de l'Union. C'était à Bamako où a lieu l'enregistrement de ce débat à cœur ouvert diffusé présentement sur les différentes télévisions nationales des pays de l'Union.
Après la clôture des travaux du 14ème sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), qui s'est tenu le 20 février 2010 dans la capitale malienne, le président de la Commission de l'Uemoa, Soumaïla Cissé, a tenu à éclairer la lanterne des journalistes et, à travers ceux-ci, informer les populations de l'ensemble de l'espace UEMOA.
C'est ainsi que huit journalistes représentant la RTI/Côte d'Ivoire, la RTS/Sénégal, la RTB/Burkina Faso, l'ORTB/Bénin, la Télé Sahel/Niger, la TVT/Togo, la RTGB/Guinée Bissau et l'ORTM/Mali ont participé à ce débat. C'était sous la direction du présentateur vedette de l'ORTM, Salif Sanogo. Quatre vingt-dix minutes durant, c'est toute une pluie d’interrogations à laquelle a eu à faire face le premier responsable de l'Uemoa. Des questions relatives à la vie même de l'organisation, ainsi qu'aux préoccupations des populations sur les attentes parfois non comblées, voire des lenteurs dans la voie de l'intégration.
En plantant le décor de cette émission, Salif Sanogo ne disait-il pas, d'ailleurs, que : "l'évolution de l'Uemoa suscite aujourd'hui une grande admiration". Cela est aujourd'hui est une réalité palpable. Cette avancée, dans la voie de l'intégration, est à mettre à l'actif notamment de notre compatriote Soumaïla Cissé qui préside, depuis janvier 2004, aux destinées de cette Union. Grâce à l'entregent de l'enfant de Niafunké, ancien haut cadre de la CMDT, ancien Secrétaire général de la présidence de la République, ayant occupé plusieurs portefeuilles ministériels, de 1992 à 2002, l'Uemoa est devenue une véritable success story.
C'est donc sous le feu des projecteurs de la chaîne du continent, Africable, à l'hôtel Salam de Bamako, que Soumaïla Cissé s'est prêté aux questions de la presse. Celles-ci, aussi importantes les unes que les autres, se rapportant principalement à l'Union et au quotidien des populations, à la libre circulation des personnes et des biens, au droit d'établissement et de résidence, aux politiques sectorielles, à la coopération et au partenariat, au Programme économique régional (PER), à la convergence des économies et aux organes de contrôle de l'institution.
En faisant venir à Bamako le gotha de la presse sous-régionale pour ce débat à cœur ouvert, la Commission de l'Uemoa a réussi un véritable coup de maître dans le registre de la communication et de l'information. Cela non pas que l'Union soit méconnue. Que nenni ! Mais justement à cause de l'intérêt qu'elle continue à susciter et du rôle de premier plan qu'elle est censée jouer dans la marche vers l'intégration de nos huit Etats. Car si l'Uemoa n'existait pas, il aurait fallu la créée.
Ne jamais baisser les bras devant l'énorme défi
Tirant tout d'abord les conclusions du 14ème sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Uemoa, Soumaïla Cissé dira qu'il a été un bon sommet, même s'il a coïncidé avec quelques événements particuliers qui se sont déroulés en Côte d'Ivoire (double dissolution du gouvernement de la Commission électorale indépendante, ndlr) et au Niger (coup d'Etat, ndlr). Après avoir fait un tour d'horizon de la situation économique et sociale de l'Union, le 14ème sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement a instruit à la Commission de continuer à approfondir l'intégration.
Pour le président de la Commission, c'est la poursuite de ce vaste chantier, qu'est l'intégration, qu'il faudra retenir, de manière globale, comme principale recommandation de cette session ordinaire. L'intégration étant un long cheminement, il ne faudrait pas surtout qu'on baisse les bras, ni qu'on laisse les énergies s'émousser. Oser toujours poser sur la table tout ce qui constitue ou semble être une entrave ou une contrainte à l'intégration, tel est le credo de l'Uemoa, a tenu à souligner Soumaïla Cissé.
Seize ans après sa création, les confrères voulaient donc tout d'abord savoir si cette adolescente, qu'est l'Uemoa, a pu réussir à transformer positivement le vécu des populations ? Car, aux dires des journalistes, les défis demeurent toujours nombreux et ont surtout pour noms : faiblesse du taux d'électrification, insuffisance du réseau routier, insuffisance des ressources humaines, manque d'eau potable, problèmes de sécurité alimentaire et environnementaux.
En réponse à cette interrogation, Soumaïla Cissé a affirmé que la finalité recherchée est l'amélioration constante des conditions de vie des populations. Avant d'ajouter que : "née dans la douleur le 10 janvier 1994-alors que la dévaluation du FCFA était intervenue la veille - l'Uemoa a tout d'abord eu à s'atteler, les dix premières années, à la résolution de questions macroéconomiques afin de stabiliser nos économies".
Aussi fallait-il, en priorité, chercher à soutenir cette dévaluation pour ne pas devoir recommencer deux ou trois années après. Mais depuis de nombreux projets et programmes initiés par l'Uemoa ont pu voir le jour et bénéficier directement aux populations de l'ensemble de notre espace communautaire. A titre d'exemple, le président de la Commission cite volontiers le cas des 2500 villages qui ont bénéficié de forages, les actions entreprises en vu de lever les entraves sur les axes routiers, les débuts de l'interconnexion des réseaux électriques, la mise en place d'un Fonds de développement de l'énergie ; de même que l'existence d'un programme de désensablement du fleuve Niger.
Toujours au chapitre des actions concrètes en soutien notamment à la sécurité alimentaire, Soumaïla Cissé a rappelé le projet d'aménagement par l'Union de 11 000 hectares dans l'Office du Niger (Mali) et de 1000 hectares dans chacun des autres pays concernés. Voilà encore des actions qui touchent directement les populations rurales. En effet, pour Soumaïla Cissé, "l'Union est faite pour les populations".
De ce fait, il pense qu'il faudrait que les Etats soient davantage ensemble, qu'ils s'acceptent mutuellement et cela dans une plus grande solidarité. Aussi, soutient-il, qu'il est intolérable qu'un ressortissant d'un pays X ne puisse s'installer librement dans un pays Y ou Z. Alors que la Commission, à la demande même des professionnels, a eu à élaborer des directives, en ce qui concerne, par exemple, les métiers de la santé et sur l'enseignement supérieur. Des directives qui n'attendraient que d'être transposées dans les législations nationales. Ce qui apparemment traînerait encore. Pour combien de temps ? L'urgence est quand même là.
Le président de la Commission de l'Uemoa s'est également appesanti sur le vaste chantier qu'est le Programme économique régional (PER) mis en œuvre en 2006 mais dont le démarrage effectif des projets n'a commencé qu'en 2008. Evalué à quelque 2 900 milliards de FCFA pour 63 projets, le PER concerne l'ensemble des acteurs (les Etats, la Bceao, la Boad, le secteur privé). Il comporte un important volet dédié à la réalisation des infrastructures qui constituent d'ailleurs quelque 70% dudit programme.
Œuvrer pour un véritable marché intérieur
C'est un vaste programme pour fédérer les énergies et libérer les initiatives créatrices. Pour sa mise en œuvre, il faudrait, d'après le président de la Commission, une réelle volonté politique des Etats. Apparemment, cette volonté ne serait pas encore assez suffisante pour faire avancer l'intégration de façon résolue. C'est pourquoi, Soumaïla Cissé a émis le souhait de voir cette volonté politique s'afficher davantage afin que notre espace puisse produire plus, créer de la richesse, faire tourner nos industries et donner du travail à nos enfants.
Pour cela, a-t-il ajouté, il faudrait qu'il puisse exister un véritable marché intérieur. Que nous cessions d'être de simples consommateurs pour devenir de véritables producteurs. Mais comment allons-nous nous développer si nous allons continuer à vendre, par exemple, notre coton ou notre or pour consacrer les ressources ainsi générées à l'achat de produits exotiques ? S'est interrogé le président de la Commission de l'Uemoa. Pour renverser cette tendance, il faudrait une forte sensibilisation des acteurs. Car changer n'est pas toujours facile.
Investir dans l'amélioration des ressources humaines
Même si la route paraît longue et jonchée parfois d'embûches, force est de reconnaître que l'Uemoa avance et que l'intégration est en marche. Parmi les avancées, le président Soumaïla Cissé a cité, entre autres, l'harmonisation de la TVA et des droits de douanes et la possibilité de voyager au sein de l'espace avec une simple carte d'identité. En ce qui concerne l'avenir du franc CFA, Soumaïla Cissé dira que cette monnaie est bien gérée et qu'elle demeure une chance pour notre zone. Il a aussi, lors de ce débat, salué le travail des organes de contrôle de l'Uemoa et souhaité voir la mise en place de la Cour des comptes dans les deux Etats où, cela n'est pas encore le cas. A savoir le Mali et le Bénin où, il faudrait pour cela une modification de la Loi fondamentale de ces pays.
S'agissant des rapports Uemoa/Cedeao, le président de la Commission dira que ces deux organisations travaillent ensemble. Chacune s'inspirant de l'expérience de l'autre dans ce qu'elle fait de mieux. Point de rivalité entre les deux institutions, à en croire le président de la Commission de l'Uemoa. Seulement complémentarité et partenariat, d'où l'existence même d'un secrétariat conjoint pour faciliter cette coopération, afin de la rendre beaucoup plus dynamique.
Ce débat fructueux avec la presse, diffusé sur l'ensemble des télévisions nationales des Etats membres et sur Africable, aura permis à l'opinion publique de l'espace communautaire de mesurer le haut degré d'engagement de la Commission de l'Uemoa dans la prise en charge des préoccupations des populations ; et cela conformément aux instructions de nos Chefs d'Etat. Aujourd'hui, l'Uemoa est rendue davantage visible dans la mesure où, tous les projets qu'elle initie ou exécute concourent directement au mieux-être des populations.
En fin visionnaire, Soumaïla Cissé ne pouvait aussi ne pas mettre l'accent sur l'amélioration constante de la qualité des ressources humaines au sein de la Commission. C'est dans ce cadre, que vingt jeunes diplômés bilingues, sortis des meilleures universités du monde, ont été engagés récemment pour travailler à l'Uemoa. Preuve que ce féru de mathématiques et d'informatique, qu'est Soumaïla Cissé, mise avant tout sur la qualité des ressources humaines, gage de tout développement, pour faire booster l'intégration.
Cela afin de relever le défi que constitue la mise en œuvre de l'ambitieux projet que nourrissent les Chefs d'Etat de l'Uemoa pour une réelle intégration de nos Etats. Lesquels occupent tout de même un vaste espace de 3,5 millions de km2 pour une population de 80 millions d'habitants. Avec tout ce qui a été déjà fait, sous la férule de Soumaïla Cissé, et avec tout ce qui est en chantier aujourd'hui, afin de réussir ensemble l'intégration, on peut d'ores et déjà affirmer que l'espoir est là. La route vers l'intégration étant bien balisée.
Mamadou Fofana
Journaliste indépendant
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