lundi 18 juillet 2016

Malijet Soumaïla Cissé : « Oui monsieur le président de la République, si vous aviez écouté l'opposition, on aurait pu éviter le drame de Gao » Bamako Mali

Malijet Soumaïla Cissé : « Oui monsieur le président de la République, si vous aviez écouté l'opposition, on aurait pu éviter le drame de Gao » Bamako Mali
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Soumaïla Cissé : « Oui monsieur le président de la République, si vous aviez écouté l'opposition, on aurait pu éviter le drame de Gao »
Les partis de l'opposition ont organisé hier samedi 16 juillet 2016, à la Maison de la presse, une conférence de presse sur les évènements de Gao qui ont coûté la vie à 4 personnes de cette ville et ont fait une quarantaine de blessés. Aussi, les leaders de l'opposition qui ont répondu tous présents à cette conférence, ont donné leur point de vue sur le processus de paix et surtout sur la confuse installation des autorités intérimaires qui est à l'origine des incidents de Gao.
Voici la déclaration liminaire lue par le chef de fil de l'opposition, l'honorable Soumaila Cissé, président du parti URD.
"Mesdames, Messieurs les journalistes et hommes de médias,
Merci encore une fois de votre présence et de l'intérêt que vous portez aux manifestations de l'Opposition républicaine et démocratique.
La ville de Gao a été endeuillée le 12 juillet 2016. 
Quatre morts et une trentaine de blessés.
 Nous réitérons  nos condoléances les plus attristées aux familles des disparus et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés.
Je vous prie de bien vouloir observer en leur mémoire une minute de silence.   
........Merci....
Mesdames, Messieurs les journalistes 
Les partis politiques de l'opposition, attachés à la cohésion nationale, aux valeurs de la République, à l'intégrité territoriale et à l'unité de notre Nation, ont lancé, sans succès, un appel pressant au Président de la République dès le début de son mandat pour qu'il réunisse toutes les forces vives de la nation dans le but de trouver une solution définitive à la crise du nord en général et  à l'épineuse question de Kidal en particulier.
Faisant suite aux événements tragiques de Kidal du 21 mai 2014, les partis politiques de l'opposition ont invité le Président de la République à tirer toutes les conséquences de cette tragédie et de l'humiliation de notre pays.
Face à la gravité de la situation, les députés du groupe VRD ont présenté une Motion de censure à l'Assemblée Nationale pour  demander  la démission  du Gouvernement, malheureusement sans succès. Jusqu'à ce jour aucune lumière n'a été faite sur ces tristes événements.
Nous avons invité le Président de la République, dans l'intérêt de la Nation, à réviser de manière radicale la gouvernance qu'il a instaurée depuis son accession au pouvoir, allusion faite notamment à la gestion chaotique du dossier du Nord, là également sans succès.
C'est dans ces conditions déplorables et humiliantes pour notre pays, qu'il a engagé le Pays dans un processus dit de paix et de réconciliation en Algérie sans réunir les forces vives de la Nation.
A la veille de la signature de l'accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d'Alger nous avons pris à témoin l'opinion nationale et internationale en réaffirmant, dans une déclaration rendue publique le 13 mai 2015, que l'accord contient des germes de partition du pays.

A cette époque, en réponse à nos inquiétudes, exploitant la soif légitime de paix du peuple malien qui est fatigué de  trois années et demi de conflits, d'exactions de toutes sortes et de précarité dans les camps de réfugiés, le gouvernement, à travers une immense machine de propagande mise en place à cet effet, a tenté d'accréditer dans l'opinion que  cet accord restaurera la paix et la stabilité dans tout le pays.
Nous avons toujours rappelé avec insistance QUE LA SIGNATURE DE L'ACCORD NE DOIT NULLEMENT OCCULTER LA SITUATION SÉCURITAIRE INQUIETANTE DANS LE NORD ET LE CENTRE DU PAYS DONT LA RÉSOLUTION REQUIERT LE NÉCESSAIRE DIALOGUE ENTRE LES DIFFÉRENTES COMPOSANTES DE LA NATION.
L'IMMENSE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION ORGANISÉE PAR LE GOUVERNEMENT AUTOUR DE L'ACCORD N'A EU AUCUN EFFET BÉNÉFIQUE POUR LE PAYS. BIEN AU CONTRAIRE, ON ASSISTE IMPUISSANT À UNE RECRUDESCENCE DE LA VIOLENCE AVEC SON CORTÈGE D'ATTAQUES MEURTRIÈRES CONTRE LES FORCES ARMÉES DU MALI, les Forces de la Minusma ET LES POPULATIONS CIVILES AU NORD ET AU CENTRE DU PAYS. LA SITUATION SÉCURITAIRE EST HÉLAS DE PLUS EN PLUS  PREOCCUPANTE.
Tous les acteurs qui interviennent dans la résolution de la crise du Mali sont unanimes à constater  que l'application de l'accord piétine dangereusement.
Pourquoi un accord qui a été chèrement vendu au peuple malien comme étant le remède efficace et rapide à la crise qui le secoue depuis bientôt 4 ans tarde à produire les  effets attendus?
Est-il vraiment efficace ?
La réponse est certainement non !!! S'il constituait un vrai et bon remède en l'état, les autorités maliennes allaient au moins fouler le sol de Kidal ne serait-ce que pour consacrer la symbolique de la présence de l'Etat malien sur l'ensemble du territoire national.
La non pertinence de certains principes et engagements contenus dans l'accord et ses annexes, notamment ceux relatifs à l'instauration des autorités intérimaires dans les régions du Nord, est de plus en plus évoquée avec inquiétude par la classe politique, la société civile et les élus du Nord. 
Mesdames, Messieurs les journalistes 
Le 31 mars 2016, l'Assemblée Nationale du Mali a adopté la loi portant modification du code des collectivités pour y introduire l'institution des autorités intérimaires dans notre pays. 
A la veille de cette délibération, nous vous avons entretenu dans cette même salle sur les dangers de cette modification du code des collectivités sur l'unité de notre nation. Nos députés ont relayé nos inquiétudes lors des débats à l'Assemblée Nationale dans des conditions parfois qui frisent l'indignité.  Ils étaient obligés de quitter la salle parce qu'on leur a refusé la parole. La loi a été finalement adoptée avec des atteintes graves à la constitution de notre pays, et en ayant en son sein des germes de partition du Mali. 
Nous avons considéré que certains articles violent le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités territoriales posé par l’article 98 de la Constitution ; nous avons considéré également que la loi a été adoptée en violation de l’article 99, alinéa 3 de la Constitution.    
Sur un plan purement formel, en application de l'article 99 de la constitution, le Gouvernement devait saisir pour avis le Haut Conseil des collectivités territoriales. Cela n'a pas été le cas, le ministre l'a reconnu à l'Assemblée Nationale lors du vote de la loi.
Voilà entre autres raisons qui nous ont amené à saisir, à travers nos députés du groupe parlementaire VRD, la cour constitutionnelle aux fins de contrôle de constitutionnalité de la loi adoptée le 31 mars 2016. Malheureusement la Cour a suivi le Gouvernement en déclarant nos prétentions non fondées. Nous avons pris acte.
Le Gouvernement a ensuite adopté le décret n°2016-0332/P-RM du 18 mai 2016 fixant les modalités de mise en place des autorités intérimaires dans les collectivités territoriales.
Ledit décret précise en son article 5 que " la procédure de désignation des membres de l'autorité intérimaire communale est instruite par le représentant de l'Etat dans la région, de sa propre initiative ou à la demande du Ministre en charge des collectivités territoriales. 
Le représentant de l'Etat dans la région procède aux investigations et consultations requises en la matière et en dresse rapport au Ministre en charge des collectivités territoriales." 
L'opposition républicaine, après les déclarations, les conférences et points de presse, a décidé d'organiser une grande marche pacifique le 23 mai 2016 à Bamako pour dénoncer l'ensemble des dérives du régime en place. Au cours de cette marche, nous avons dénoncé l'institution des autorités intérimaires.
Comme réponse,  le Gouvernement a préféré signer le 19 juin 2016 en toute clandestinité  avec les groupes armés un document intitulé "Entente" qui précise les modalités pratiques pour la mise en place des autorités intérimaires.
Il ressort de ce document, outre les attributions des autorités intérimaires, que le calendrier de leur installation s'étend du 15 juillet au 25 août 2016. 
Contrairement à la loi portant institution des autorités intérimaires et son décret d'application, l'Entente nous parle de la mise en place des autorités intérimaires  uniquement dans les collectivités territoriales des 5 régions du nord (Gao, Tombouctou, Kidal, Menaka et Taoudenit ). Quid des autres régions du Mali?
Il est important de rappeler qu'aucune consultation de la classe politique ni de la société civile n'a été menée en vue de les associer à l'élaboration du document de la dite "ENTENTE", ni à sa tentative de mise en œuvre. C'est pourquoi, se sentant marginalisés, des jeunes de Gao ont organisé une marche pacifique le mardi 12 juillet 2016 pour manifester leur mécontentement et demander leur implication dans la gestion de leur cité.  Quoi de plus normal !!! Malheureusement cette protestation a vite tourné au drame. Les condamnations fusent de partout. Le Gouvernement a dépêché des ministres à Gao qui se sont tout simplement engagés à transmettre les doléances des jeunes au Président de la République.
Le Président de la République s'est adressé à la nation le Jeudi 14 juillet 2016, deux jours après la tragédie, dans un discours squelettique de deux minutes à l'allure d'un simple communiqué. Il a qualifié les événements "de regrettables qu'on aurait pu éviter ". 
Oui Monsieur le Président de la République, si vous aviez écouté l'opposition on aurait pu éviter ce drame. L'opposition ESTIME QUE NOTRE PAYS DOIT À PRÉSENT ENTAMER une dynamique nouvelle, par un dialogue inter-malien fécond visant à forger un consensus national autour de la restauration de la paix et de la stabilité sur l'ensemble du territoire. Il sera le lieu d'une appropriation nationale, d'une "MALIANISATION" du processus de paix et de réconciliation. Ce dialogue national inter-malien doit s'étendre à tous les acteurs MALIENS de l'intérieur et de l'extérieur.
C'est pourquoi l'opposition réitère sa demande relative à la tenue de concertations nationales. 
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Nous avons la chance d'avoir parmi nous le Président du PDES, Sadou Diallo, qui est également le maire de Gao. Il aura la parole tout à l'heure pour nous parler sommairement de cette tragédie qu'a connue la ville de Gao.
Avant de lui donner la parole, j'invite Me Demba Traoré à lire le communiqué des partis politiques de l'opposition sur les événements de Gao.
Je vous remercie de votre aimable attention !

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