samedi 20 septembre 2008

Du coton bio africain pour habiller les Bretons

ouest-france.fr - Du coton bio africain pour habiller les Bretons
La Bretagne va aider 5 000 paysans africains à produire du coton sans engrais chimiques ni pesticides. Les industriels du textile s'engagent à le payer à son juste prix.
Dans deux mois, les premières fleurs d'un coton pas ordinaire seront récoltées dans le sud du Mali et dans l'est du Burkina-Faso. Cultivé selon les normes de l'agriculture biologique, il sera égrené sur place. Puis filé à Fès, au Maroc, et chez TDV à Laval, en respectant les cahiers des charges du commerce équitable.
Les premières bobines de ce fil approvisionneront, à partir du printemps 2009, les ateliers de quatre entreprises bretonnes, spécialisées dans le vêtement : Armor Lux (Quimper), Ekyog (Rennes), Dolmen (Guingamp) et Fileuse d'Arvor (Quimper). Toutes éprouvent des difficultés à s'approvisionner en coton biologique et équitable et sont prêtes à payer le surcoût lié à ce double label.
Aider 5 000 producteurs à se reconvertir
D'où l'idée de mettre en place et de sécuriser une filière originale entre producteurs africains (à 50 % des femmes) et industriels bretons. À la manoeuvre depuis bientôt deux ans, Alain Yvergniaux, président de la commission économique du conseil régional. « L'idée a surgi lors d'une rencontre avec Kofi Yamgnane, le plus Breton des Africains, et Soumaïla Cissé, président de la commission de l'Union économique et monétaire ouest africaine (1), en 2006 », raconte-t-il.
De fil en aiguille, et de rencontres en visites, le projet prend corps et le montage financier se met en place. Au centre de leurs préoccupations, l'avenir de milliers de petits producteurs de coton, étranglés par l'effondrement des cours du coton conventionnel et la hausse du prix des engrais et des pesticides. Seule solution pour qu'ils puissent continuer à vivre de leur travail : le passage à un mode de culture biologique. Encore faut-il trouver l'organisme chargé de les former et d'assurer la certification du coton. Ce sera Helvétas, une ONG suisse.
Jean-Yves Le Drian a été convaincu d'impliquer la Bretagne dans cette démarche exemplaire et unique en son genre : « Un des rôles de la Région est de prouver qu'on doit pouvoir marier éthique et économie par la recherche d'intérêts réciproques. »
La Région va financer, pendant trois ans, la reconversion à la culture bio de près de 5 000 producteurs maliens et burkinabés, répartis dans une trentaine de villages. Elle va y investir 525 000 € sur son budget d'économie sociale, abondés par 218 000 € venant de l'UEMOA.
Les 500 premières tonnes de fibres de coton labellisées « équitable et biologique » seront réservées, en priorité, pour les entreprises associées au projet. En 2009, les personnels techniques des lycées bretons disposeront de vêtements de travail en coton africain signés Armor-Lux.
Philippe GAILLARD.

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