C’est du moins, l’autopsie faite du Mali d’aujourd’hui par le président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), l’honorable Soumaila Cissé lors de sa présentation de vœux à la presse samedi dernier à la Maison de la presse
Cette cérémonie de présentation de vœux qui est une première à l’Union pour la République et la Démocratie (URD), sera une tradition au niveau du parti de la poignée de mains. Du moins, si l’on en croit les déclarations du président Soumaila Cissé. Qui, d’entrée de jeu a présenté ses meilleurs vœux à la pléiade de journalistes de la presse écrite, de la radio, de la télévision… qui avait fait le déplacement.
Selon lui, l’année 2014 a été riche en évènements, mais particulièrement éprouvants pour les journalistes. Car, la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a dénombré 118 journalistes assassinés à travers le monde au courant de l’année écoulée.
Soumi restitue à la presse sa place de 4ème pouvoir
« C’est énorme et ce constat rappelle la gravité du risque qui est le votre dans l’exercice de votre profession », a-t-il laissé entendre aux journalistes. Et de poursuivre : « Cette situation interpelle tous les gouvernements épris de paix et de justice car la protection des journalistes et la promotion de la liberté d’expression doivent être leur priorité ».
Pour Soumaila Cissé, en 2014, le Mali n’a pas connu d’assassinats de journalistes, mais des décès de certains confrères dont le dernier en date est celui de Mamadou Lamine Doumbia du quotidien ‘’L’indépendant’’ décédé le 27 janvier dernier.
A en croire l’élu de Nianfunké, le Mali a longtemps été présenté comme un bon élève du continent africain en matière de liberté de la presse et de la démocratie. Mais, il a payé le prix de la situation dans laquelle le pays a sombré en 2012 en faisant la plus forte chute dans le classement mondial en termes de respect de la liberté de la presse, passant de la 25ème à la 99ème place en 2013.
Mieux, ajoute-il, le rapport 2014 de ‘’Reporters Sans Frontières’’ a révélé que la corrélation négative entre la situation tragique du Mali et la liberté d’informer a fait chuter le Mali de la 122ème place sur 180 pays évalués.
Un résultat qui doit obligatoirement être amélioré durant 2015 pour l’honneur du Mali, a-t-il indiqué. Et d’ajouter que l’URD est résolument engagée pour la liberté de la presse, telle que reconnue et garantie par la constitution. Car ces valeurs fondatrices sont enracinées dans son attachement indéfectible à la République, la démocratie, l’état de droit, la justice et à l’égalité citoyenne.
« C’est pourquoi, à l’opposition, mes camardes et moi avons passé toute l’année 2014 à dénoncer les dérives qui menacent dangereusement les fondements et les valeurs de notre République. Nos voix ont été difficilement entendues, mais entendues quand même grâce à vos plumes et vos courageuses insistances », a-t-il déclaré aux journalistes.
Selon lui, les journalistes ont alerté l’opinion, dénoncé toutes les dérives du régime telles que la corruption, la concussion, la gabegie financières et le mensonge qui ont caractérisé la gouvernance de notre pays.
Pour Soumaila Cissé, c’est une légèreté blâmable que d’oublier que la presse constitue le 4ème pouvoir, non affilié ni à l’opposition, ni à la majorité. Car une presse libre est la condition d’une démocratie vivante et respectueuse de ses citoyens.
Les problèmes et les urgences passés au peigne fin
Pour Soumaila Cissé, 2014 a été marqué par des déceptions car les attentes étaient fortes et multiples et les promesses non tenues.
Selon lui, le président de la République a fini par donner raison à l’opposition en limogeant les membres du gouvernement cités dans les affaires de mauvaise gestion. Cependant, cela ne suffit pas car, la justice doit avoir les mains libres pour situer les responsabilités afin de laver l’honneur souillé du Mali. Mais aussi, restaurer la confiance auprès des partenaires.
Soumaila Cissé a félicité le Premier ministre Modibo Keita pour sa nomination avant de lui souhaiter bonne chance. Mais a déploré la marginalisation des femmes dans son gouvernement car elles ne sont que trois sur un effectif pléthorique de 29 ministres.
« Loin de l’honneur du Mali et du bonheur des Maliens, notre pays commence l’année 2015 dans un environnement sécuritaire plus qu’inquiétant. Car au cours du mois de janvier, le peuple malien a assisté avec consternation et impuissance à la montée fulgurante des attaques djihadistes et terroristes au nord et au centre du pays », a regretté Soumaila Cissé.
Qui poursuit que l’inadmissible tentative d’assassinat du général Ould Meydou vient confirmer la gravité de l’insécurité qui angoisse le quotidien des Bamakois.
Le président de l’URD ajoutera que les événements récents de Gao constituent une parfaite illustration du ras-le-bol des populations.
Pour lui, l’insécurité affecte dangereusement la paix sociale et annihile tout effort de développement et d’épanouissement des entreprises.
« Les mines anti personnelles, les attaques à mains armées, les vols de bétails, de cyclomoteurs, de voitures, les viols et autres agressions physiques sont connus de tous, c’est pourquoi, la restructuration des Forces Armées et de sécurité s’impose plus que jamais », a-t-il indiqué.
Soumaila Cissé a rappelé que les négociations d’Alger et la réconciliation nationale constituent les deux défis majeurs auxquels le pays est confronté. Sur la question dit-il, l’URD a toujours invité le président de la République à réunir le gouvernement, la société civile, la majorité et l’opposition pour dégager une vision nationale.
Selon lui, face à l’inaction, au manque de stratégie et l’amateurisme du pouvoir en place, le nord du Mali s’embrase, le centre s’installe dans la psychose et dans la violence, et le reste du pays partagé entre inquiétude et désespoir. Sans compter le processus de réconciliation nationale qui reste aux abonnés absents car de nombreux refugiés et déplacés vivent dans des conditions précaires.
Actualité oblige, Soumaila Cissé a présenté ses condoléances aux familles des personnes tuées lors des manifestations à Gao. Avant d’annoncer une visite dans la cité des Askia pour marquer la solidarité de l’URD avec la population.
A sa suite, Dramane Aliou Koné lui a présenté les vœux de la presse. Avant de lui formuler des doléances au nom de la presse : l’adoption de la loi de création de la Haute Autorité de la Communication (HAC) par l’opposition, un vote reporté quatre à cinq fois, le problème de l’aide à la presse qui démunie d’année en année, n’atteignant plus 100 millions FCFA alors qu’elle était de 200 millions en 1996 lorsque Soumaïla Cissé était ministre de l’Economie et des Finances, sa prévision dans le budget national.
Le président de l’URD a joint l’utile à l’agréable en offrant un vidéoprojecteur à la Maison de la presse. Mais aussi des livres et des calendriers.
Georges Diarra