Le Figaro - Conjoncture : L'Afrique de l'Ouest peine à se développer face à l'instabilité
La Côte d'Ivoire et le Niger inquiètent leurs voisins, réunis ce week-end. Ils ont fait semblant de les oublier. Mais les deux grands absents du 14e sommet des chefs d'État de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), la Côte d'Ivoire et le Niger, hantaient l'esprit des six autres dirigeants réunis samedi à Bamako, au Mali. Émeutes sanglantes en Côte d'Ivoire, coup d'État au Niger : l'instabilité politique de l'Afrique de l'Ouest ne plaide pas en faveur de l'unité économique.
L'UEMOA, que préside Amadou Toumani Touré, président du Mali, a été créée à Dakar en 1994. Elle réunit le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Elle veut construire un marché commun où les personnes et les marchandises circulent librement, où la législation soit harmonisée et où les marchés financiers soient intégrés. Vaste programme pour une région où pour le moment le seul dénominateur commun est la monnaie, le franc CFA, à parité fixe avec l'euro (1 euro égale 655,90 francs CFA).
Grâce à cela et au fait que 90 % de ses échanges sont réalisés dans la zone euro, l'UEMOA a bien résisté à la crise. «Le taux de croissance de l'Union a enregistré une décélération de 3,8 % en 2008 à 3 % en 2009, contre 1 % pour la moyenne des pays de l'Afrique subsaharienne», précise José Mario Vaz, ministre des Finances de Guinée-Bissau et président du Conseil des ministres de l'UEMOA. Mais la région est très pauvre. Son produit intérieur brut ne dépasse pas 3,3 milliards d'euros. Et ses matières premières sont inégalement réparties.
L'électricité la plus chère du monde
«La demande mondiale des produits que nous exportons a reculé. Les cours internationaux se sont repliés à l'exception de l'or et du cacao. Les transferts de fonds de nos travailleurs émigrés ont baissé. Les crises alimentaire et énergétique ont éprouvé le pouvoir d'achat des ménages», insiste Amadou Touré.
Avec l'appui de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest et de la Banque ouest-africaine de développement, l'UEMOA a lancé de multiples chantiers en faveur des agriculteurs - dans le coton notamment - et des petites entreprises. Mais «nous avons l'électricité la plus chère du monde, un parc vétuste, des opérateurs publics à la situation financière précaire. C'est un frein», souligne Cyr Koty, chargé du secteur à l'UEMOA.
L'un des chefs de la junte qui vient de prendre le pouvoir au Niger s'est déplacé samedi à Bamako, alors qu'on ne l'attendait pas, pour dire que les militaires allaient vite organiser des élections. Mais les incertitudes qui pèsent sur le pays ne sont pas de nature à rassurer. Cet État, le seul de l'Union riche en uranium, est la bouée de sauvetage de l'UEMOA à l'horizon 2025-2030, avec un projet de centrale nucléaire de 1 000 mégawatts. Et la Côte d'Ivoire est un gros fournisseur de gaz. «Les difficultés politiques pèsent», avoue Soumaïla Cissé, président de la Commission de l'Union économique et monétaire. Mais cet homme, qui sera sans doute le prochain président de la République du Mali, ajoute : «Les investissements que nous réalisons dans la région doivent quand même continuer.»
mardi 23 février 2010
jeudi 11 février 2010
PANEL DE HAUT NIVEAU
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